A l’approche du premier tour de la présidentielle, la tension ne faiblit pas à Madagascar, où l’opposition appelle régulièrement à manifester. Le président Andry Rajoelina, lui, fonce dans sa campagne électorale.
Mercredi 8 novembre, une manifestation de l’opposition a été réprimée à coups de gaz lacrymogène à Antananarivo, capitale malgache, mercredi 8 novembre. Lors de cette manifestation, le député Fetra Ralambozafimbilolona a été interpellé. Des sources font état d’une dizaine de blessés.
« Juste après son interpellation, les manifestants ont lancé des pierres à l’encontre des éléments de forces de l’ordre. Un gendarme a été attaqué physiquement. Un des éléments de force de l’ordre a tiré à bout portant sur l’un des manifestations. C’était une arme avec des balles en caoutchouo », rapporte à Sahutiafrica Lovasao Rabary, journaliste malgache.
L’opposition, réunie dans un collectif au sein duquel chacun se présente toutefois individuellement à la fonction suprême, exige l’invalidation de la candidature d’Andry Rajoelina. Les opposants lui reprochent de s’être fait naturaliser français en 2014, mais aussi revendiquent la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), la création d’une Cour électorale spéciale au sein de la Cour constitutionnelle ainsi que le report des élections.
Le report des élections ? Dans un premier temps, la Cour constitutionnelle avait rejeté cette requête. Puis, elle a finalement accepté de reporter le scrutin d’une semaine suite à la blessure d’Andry Raobelina, un des candidats de l’opposition. Mais, l’opposition ne fait pas confiance à la Cour constitutionnelle qu’elle qualifie de partiale et proche du président sortant.
Le camp présidentiel, lui, ne voit pas les choses sous cet œil. Il dit être près d’aller à l’élection. Young Malagasies Determined, parti au pouvoir, affirme que l’élection est le seul moyen pour la population « d’exprimer sa souveraineté ».
« Si les élections sont reportées, le pays entrera de fait dans une transition qui ne dit pas son nom. Le mandat du président par intérim va être prolongé jusqu’à l’élection du président, alors qu’en principe cela devrait durer que trois ou quatre mois maximum », a déclaré la journaliste Lavosao Rabary.
Le premier tour de la présidentielle à Madagascar est prévu le 16 novembre. Le président Andry Rajoelina est candidat à sa propre succession et affronte une dizaine de challengers. Le climat politique se crispe et est tendu, alors que le scrutin approche. Jusque-là, les efforts de médiation du Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de la Grande île (FFKM) n’ont pas abouti. Selon Mme Rabary, le président Andry Rajoelina a refusé de venir à la table des négociations.
Christine Razanamahasoa, présidente de l’Assemblée nationale, a estimé que le Madagascar se trouve dans « l’impasse ». Elle tente aussi de mener une médiation parlementaire. Elle appelle le Conseil des églises, des notables, d’ancien Premiers ministres, des syndicats autour d’une plate-forme qui invite les candidats à discuter. Pourtant, le président Rajoelina continue de camper sur sa décision.
Entre-temps, la grande île de l’océan Indien est secouée depuis des semaines par une bataille féroce entre le pouvoir et le collectif, dont chaque membre se présente toutefois individuellement à l’élection présidentielle. Le Madagascar se dirige-t-il vers une présidentielle à haut risque ? « Ce qui est à craindre, c’est que l’élection ne se déroule pas dans un climat apaisé », confie la journaliste Lavosao Rabary.
Trésor Mutombo