Acte de mes sens (première partie de la Chronique de Servais Koumako)

J’adore ce continent, où tuer ne fait pas peur! J’adore mon continent dans lequel la franchise universitaire est plutôt une franchise militaire.

J’adore ce continent où les valeurs ont perdu leurs côtes et où les vertèbres des vices tournent à merveille.

J’adore mon continent!

Ce continent dans lequel matin et soir, pour de l’argent et pour des privilèges éphémères, nous sommes capables d’abattre, la main sur la conscience, nos nobles convictions.

J’adore ce continent où sur le trottoir, il y a de la place pour tout, sauf pour le piéton et où brillent dans les rues, les insultes les plus puantes et les coups de Klaxon les plus sonores. Tout vous est servi pour presque rien.

Lire aussi :  La satisfaction d’un travail bien fait (Chronique de Servais Koumako)

J’adore ce continent dans lequel la brutalité, la violence et l’intolérance sont les fers de lance du développement. J’adore mon continent!

Ce continent où un chef de service ou tout autre petit, tout petit responsable croit qu’en te faisant poireauter dans sa salle d’attente avant de te recevoir le rendait davantage important ou puissant. Sa première préoccupation est d’ailleurs, le détournement des fonds publics.

J’adore ce continent dans lequel roulent fièrement des trains qui crachent la crasse. Des trains qui ailleurs, ont perdu toute crédibilité écologique. C’est l’évolution industrielle ici.

À minuit et un peu au delà, ce train peut traverser la ville en sifflant en continu, soixante secondes durant, cette fumée noire en fanion au vent. Le mécanicien, lui, il est ravi. Sa micheline d’un autre siècle répond encore. Et brillamment, puis bruyamment bien.

Lire aussi :  Bienvenue dans le Journal politique de la semaine (Chronique de Servais Koumako)

Vive l’évolution industrielle ici. J’adore mon continent!

Ce continent dans lequel le ridicule radical a atteint un point radicalement critique.

J’adore ce continent à la conscience en feu, dans lequel le plus militant est forcément le plus méritant.

J’adore ce continent où sur une moto conçue pour deux, on peut se retrouver à trois, à quatre, à cinq. Toute une famille peut se retrouver là-dessus et ça roule et ça roule et tout va bien. Vive le progrès! Vive la police spectatrice du comportement à risques!

Servais Koumako

Les plus lus

RDC/Ligue 1 : Renaissance déroutée, Vita Club au ralenti

L'OC Renaissance du Congo a concédé sa toute première défaite de la saison face à l'AS Dauphin noir (1-2), alors que l'AS Vita Club...

Discours de Mobutu du 24 avril 1990: les souvenirs du jour de l’instauration du multipartisme au...

«J’ai estimé seul devant ma conscience de tenter l’expérience du pluralisme politique dans notre pays, avec à la base le principe de la liberté...

Pourquoi la justice congolaise est-elle malade ? (Carnet de Christian Gombo)

Nous allons tenter de répondre à cette question, même si, à la base, elle ne nous est pas directement adressée. Indirectement, on peut le...

Tchad : l’armée a-t-elle ciblé des civils dans son opération contre Boko Haram

Alors que l’armée tchadienne est accusée d’avoir tué par erreur des dizaines de pêcheurs au Nigeria dans son opération contre Boko Haram, les autorités...

Guinée équatoriale : Manuela Roka Botey, première femme à la tête du gouvernement

Manuela Roka Botey a été nommée Première ministre de Guinée équatoriale et devient la première femme de l’histoire de ce petit pays d’Afrique centrale...

Sur le même thème

Pourquoi la justice congolaise est-elle malade ? (Carnet de Christian Gombo)

Nous allons tenter de répondre à cette question, même si, à la base, elle ne nous est pas directement adressée. Indirectement, on peut le...

C’est parce que nous sommes le « peuple de Dieu »…(Carnet de Christian Gombo)

Que nous ne trouvons même pas l’intelligence nécessaire pour forger des armes contre la faim, la soif, les inondations, les injustices distributives et répétitives,...

Mon moi oui tous ces moi qui me définissent (Carnet de Christian Gombo)

Autopsie du Moi : moi Labyrinthe de l’inhumain, moi Anatomie du vide, moi Analogie du vice, moi La danse du vilain, moi L’étranger, moi...

Nous peperons ton sol ou nous peuplerons ton sol…(Carnet de Christian Gombo)

Après la pluie terrible entre le 18 et le 19 octobre, nous avons tous perdu la version officielle de la phrase qui existe forcément...

Egypte : ouverture de nouvelles galeries au Musée d’antiquité

Mardi 15 octobre, une série de nouvelles galeries ont été ouvertes au public dans le nouveau musée phare en Egypte.   Attendant une grande inauguration longtemps...