Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa joue sa survie sous pression d’un scandale

Jeudi 1er décembre, le sort du président sud-africain Cyril Ramaphosa a mobilisé toutes les attentions, au lendemain de la publication d’un rapport affirmant qu’il a pu commettre des violations et des fautes, dans le cadre d’un scandale qui l’empoisonne depuis des mois.

Il multiplie les consultations avec les poids lourds au sein de son parti, l’ANC, a assuré en début de soirée son porte-parole. Il précise qu’il continue à « étudier un certain nombre d’options dans le meilleur intérêt du pays ».

« M. Ramphosa devrait faire une annonce imminente », a-t-il répété, précisant que le président « examine encore le rapport » qui l’accable.

Les hauts responsables du parti historique au pouvoir en Afrique du Sud, l’ANC dont M. Ramaphosa est le président, ce qui lui vaut automatiquement d’être chef de l’Etat, ont annoncé aussi une réunion en urgence vendredi pour discuter de sa situation.

M. Ramaphosa, 70 ans, se trouve en bien mauvaise posture, sous la menace d’une procédure de destitution après la publication la veille du rapport d’une commission parlementaire.

Et la semaine prochaine, le Parlement se réunit pour voter ou non le lancement d’une procédure de destitution du président à l’issue incertaine, même si l’ANC y bénéficie d’une confortable majorité.

L’affaire commence en février 2020, quand des cambrioleurs s’introduisent dans une des luxueuses propriétés de M. Ramaphosa, qui a fait fortune dans les affaires avant de revenir à la politique.

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Ils sont neutralisés, séquestrés de longues heures selon la plainte initiale déposée en juin, qui a déclenché le scandale. D’importantes sommes en liquide sont retrouvées sous les coussins d’un canapé. La plainte accuse M. Ramaphosa de ne pas avoir signalé l’incident, ni à la police, ni au fisc.

M. Ramaphosa, que les Sud-Africains appellent familièrement « Cyril », dément catégoriquement mais le rapport sème le doute sur les explications données par le président sur ces 580.000 Usd en liquide camouflés.

Démission

Sous l’enclume du scandale et de l’hypothèse d’une destitution, M. Ramaphosa doit aussi affronter la réunion du 16 au 20 décembre de l’ANC, échéance cruciale pour son avenir politique.

C’est là que l’ANC choisit son prochain leader, qui deviendra chef de l’Etat à l’issue des élections générales de 2024, si toutefois le parti confronté à un désamour grandissant remporte le scrutin.

Aux dernières élections locales, en 2021, l’ANC était passé pour la première fois de son histoire sous la barre des 50%.

Face aux appels à la démission qui se multiplient, de la part de l’opposition comme de membres de l’ANC, rongé par des guerres intestines, le président apparait bien affaibli.

Le premier parti d’opposition, Democratic Alliance (DA), appelle dans ce contexte à des élections générales anticipées. « Il ne s’agit pas seulement du président Ramaphosa et de son aptitude à exercer ses fonctions, mais d’un événement susceptible de chambouler notre paysage politique », affirme son communiqué.

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Selon une source proche de la présidence, Cyril Ramaphosa est « en train d’étudier toutes les possibilités ».

Dans la foulée de la publication du rapport, son bureau avait immédiatement appelé à une considération appropriée du document, dans l’intérêt de la stabilité du gouvernement et du pays.

Mais des annulations en cascade ont été annoncées par le gouvernement : un point presse de son porte-parole, une séance de questions parlementaires ainsi qu’un discours du vice-président, David Mabuza, qui assurerait automatiquement un intérim à la tête de l’Etat en cas de démission de Cyril Ramaphosa.

M. Ramaphosa, dans une déclaration officielle à la commission qui a fuité opportunément mercredi, raconte sa version des faits : Un homme d’affaires soudanais a acheté des buffles dans son domaine, à deux heures de Pretoria, où il élève du gibier et du bétail.

« Il a choisi ceux qui lui plaisaient et payé en liquide le montant de 580.000 dollars », dit-il. L’argent a été caché « sous les coussins d’un canapé d’une chambre peu utilisée », par un employé qui a estimé cette cachette plus sûre que le coffre de la propriété.

Cyril Ramaphosa fait aussi l’objet d’une enquête pénale dans cette affaire.

AFP/Sahutiafrica

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