Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, sous la menace d’une procédure de destitution, n’a aucune intention de démissionner ou de s’écarter, a annoncé Vincent Magwenya, son porte-parole samedi 3 décembre.
Mis en cause depuis mercredi par un rapport parlementaire affirmant qu’il « a pu commettre » des actes contraires à la loi dans une affaire de cambriolage dans l’une de ses propriétés où d’importantes sommes en liquide ont été trouvées, le président a décidé de « ne pas démissionner sur la base d’un rapport erroné, il ne va pas s’effacer non plus », a-t-il affirmé à l’AFP.
Le président va aussi contester ce rapport qui l’accable par voie de justice.
« Il est dans l’intérêt et la durabilité à long terme de notre démocratie constitutionnelle, bien au-delà de la présidence Ramaphosa, qu’un rapport aussi bancal soit remis en question, en particulier lorsqu’il est utilisé comme point de référence pour destituer un chef d’État en exercice », a expliqué son porte-parole.
- Ramaphosa fait l’objet d’une plainte depuis juin l’accusant d’avoir tenté de dissimuler ce cambriolage en février 2020, au cours duquel 580.000 dollars en espèces cachés dans un canapé ont été dérobés, et de n’avoir signalé l’incident ni à la police ni au fisc. Cette plainte n’a pas donné lieu à ce jour à des poursuites et l’enquête de police se poursuit.
L’ANC, le parti de M. Ramaphosa au pouvoir depuis la chute de l’apartheid, se réunit dès le 16 décembre pour désigner son prochain président en 2024, si toutefois le parti, de plus en plus contesté, était vainqueur des législatives.
« M. Ramaphosa a pris à cœur le message sans équivoque émanant des branches du parti au pouvoir qui l’ont désigné pour un second mandat à la tête de l’ANC », a avancé son porte-parole.
Il comprend que ce message signifie qu’il doit poursuivre les réformes économiques, explique encore M. Magwenya. « Le président a accepté avec humilité, grand soin et engagement, cet appel à continuer à être au service de son organisation, l’ANC, et du peuple sud-africain ».
Dans la foulée de la publication du rapport, les appels à la démission de M. Ramaphosa se sont multipliés dans l’opposition, mais également au sein de son parti, l’ANC.
Mais il a ensuite reçu aussi de nombreux soutiens politiques, syndicaux comme du monde des affaires. Jusqu’au chef de l’Eglise anglicane sud-africaine qui a prévenu que s’il démissionnait, le pays risquait de tomber « dans l’anarchie ».
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid, doit se réunir une nouvelle fois lundi matin, selon plusieurs sources politiques.
Son tout-puissant Comité exécutif national (NEC) discutera de l’avenir du celui que les Sud-Africains appellent familièrement « Cyril » et qui reste largement plus populaire que le parti lui-même, passé pour la première fois de son histoire sous la barre des 50% l’an dernier lors d’élections locales.
Les caciques du parti de Nelson Mandela s’étaient très brièvement retrouvés vendredi à Johannesburg, avant d’expliquer vouloir d’abord examiner de plus près les faits dans l’affaire visant le président.
Majoritaire au Parlement depuis 1994, l’ANC, plombé par la corruption et une guerre de factions, choisit le chef de l’Etat depuis l’avènement de la démocratie sud-africaine.
AFP/Sahutiafrica