Jeudi 11 avril, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé son intention de briguer un second mandat, à deux mois de la présidentielle, mettant fin à un suspense qui n’en était plus un.
Agé de 78 ans, M. Tebboune est président depuis 2019 de l’Algérie, le plus grand pays d’Afrique, premier exportateur africain de gaz naturel. Alors que son mandat devait s’achever en décembre, il avait annoncé en mars la tenue d’une élection présidentielle anticipée le 7 septembre.
« En réponse aux souhaits de nombreux partis politiques et non politiques, d’organisations et de jeunes, j’annonce mon intention de me présenter pour un second mandat, comme le permet la Constitution, et le peuple algérien aura le dernier mot à ce sujet », a déclaré le président lors d’un entretien avec la presse dont des extraits ont été publiés sur le site de la présidence algérienne.
« Toutes les victoires obtenues sont les victoires du peuple algérien, et non les miennes », a ajouté M. Tebboune dont la candidature ne faisait aucun doute dans le pays. Les médias officiels et privés, ainsi que ses alliés politiques, se sont mobilisés pour mettre en avant les « réalisations » de « l’Algérie nouvelle » du président Tebboune.
M. Tebboune avait remporté la dernière élection, marquée par une forte abstention, avec 58% des voix. Il avait succédé à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission en 2019 sous la pression de l’armée et du Hirak, un mouvement de contestation populaire. Bouteflika est décédé en septembre 2021.
La décision du pouvoir algérien d’avancer la date du scrutin avait surpris les observateurs d’autant que c’est la première fois dans l’histoire du pays qu’une campagne électorale aura lieu en été dans un pays où les pics de températures atteignent les 50 degrés dans de nombreuses villes.
Aucune raison n’a été avancée pour expliquer la tenue anticipée du prochain scrutin. La liste des candidats retenus doit être annoncé le 27 juillet et le conseil constitutionnel doit trancher pour les recours le 3 août.
Plusieurs personnalités ont déjà annoncé leurs candidatures, dont le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), le plus vieux parti d’opposition en Algérie, Youcef Aouchiche, et le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste du pays, Abdelaali Hassani.
Trois femmes ont aussi annoncé briguer la présidence : la cheffe du Parti des travailleurs (PT, trotskiste), Louisa Hanoune, la femme d’affaires Saida Neghza, à la tête d’une des plus importantes organisations patronales, et Zoubida Assoul, une avocate engagée dans la défense de libertés.
Dans un rapport publié en février, l’ONG Amnesty International avait affirmé que les autorités algériennes continuaient de « réprimer les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique », en « ciblant les voix critiques de la dissidence », cinq ans après les manifestations pro-démocratie du Hirak.
Avant son élection en 2019, M. Tebboune avait fait carrière au sein de l’appareil d’Etat. Il a fait ses classes dans l’administration préfectorale avant d’enchaîner les postes de wali (préfet) dans les années 1980, sous le règne du parti unique. Il est devenu en 1991, une petite année, ministre délégué aux Collectivités locales sous la présidence de Chadli Bendjedid, puis a disparu de la scène politique jusqu’à l’arrivée du président Bouteflika en 1999.
Ce dernier l’a nommé ministre de la Communication, avant de lui confier d’autres portefeuilles jusqu’en 2002. Après dix ans de traversée du désert, il a été rappelé au gouvernement en 2012 puis est devenu Premier ministre en 2017. Il sera le plus bref Premier ministre de l’histoire algérienne, limogé au bout de moins trois mois après s’être attaqué aux oligarques gravitant dans l’entourage du chef de l’État. Abdelmadjid Tebboune s’est d’ailleurs servi de ce limogeage pour faire oublier son parcours aux côtés du président Bouteflika.
AFP/Sahutiafrica