Mercredi 4 janvier, l’ONG Reporters sans frontières a annoncé avoir dénoncé auprès de Nations unies l’acharnement judiciaire contre Ihsane El Kadi, patron de presse algérien, en détention provisoire.
Dans son communiqué, RSF s’oppose à ce qu’elle qualifie de « tentative de la part des autorités de réduire au silence les derniers médias indépendants en Algérie ». Cette organisation annonce ainsi « avoir saisi en urgence à travers un courrier daté mardi, Irene Khan, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la liberté d’opinion et d’expression ».
Ihsane El Kadi, directeur de la station algérienne Radio M et du site d’information Maghreb Emergent, est détention provisoire depuis 29 décembre, après quatre jours de garde à vue. Selon la cour d’Alger, ce patron de presse fait l’objet d’une enquête pour collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l’État.
Récemment, la cour avait laissé entendre que M. El Kadi est soupçonné « d’avoir reçu des sommes d’argent et des privilèges de la part de personnes et d’organisations dans le pays et à l’étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’État et sa stabilité ».
Des accusations réfutées par Reporters sans frontières, qui estime que l’arrestation d’Ihsane El Kadi est « plutôt guidée par une motivation politique, car ayant seulement quelques jours après la publication d’articles critiques envers les autorités ».
« Les Nations unies doivent exiger la libération immédiate d’Ihsane El Kadi et l’abandon pur et simple de poursuites fallacieuses qui ne visent qu’à le réduire au silence », a déclaré Antoine Bernard, directeur du plaidoyer et de l’assistance de RSF, mentionné dans le communiqué.
Les démêlés judiciaires du journaliste avaient déjà suscité des réactions en décembre dernier de la part de RSF. L’Ong avait alors dénoncé le harcèlement judiciaire à l’encontre du journaliste, pointant du doigt sa condamnation à six mois de prison, en juin 2022, ou les multiples reports de son procès en appel.
Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse de RSF, l’Algérie est classée à la 134e place sur 180 pays. La constante augmentation des menaces, des intimidations et du harcèlement judiciaire des journalistes sont les éléments qui justifient ce recul dans ce pays africain.
Dinho Kazadi