Après son report, le procès de deux anciens alliés du président Patrice Talon, accusés de « complot contre l’autorité de l’Etat », reprend ce mercredi 22 janvier.
Olivier Boko, homme d’affaires influent et proche du président, et Oswald Homéky, ancien ministre des Sports, sont inculpés pour « complot contre l’autorité de l’État, corruption d’agent public et faux certificat ». Pourtant, les intéressés clament leur innocence et plaident non coupable à l’ouverture de l’audience devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Les accusés encourent jusqu’à 20 ans de prison.
Alors qu’Olivier Boko est apparu détendu à son arrivée au tribunal, le procès a rapidement été interrompu par les avocats de la défense. Ils ont contesté la composition du tribunal, composé de trois membres au lieu des cinq requis habituellement. En signe de protestation, les avocats se sont tous dessaisis du dossier, laissant les accusés sans représentation légale.
La cour a alors décidé de reporter l’audience à mercredi, donnant aux accusés le temps de trouver de nouveaux avocats. Cette décision a fait bondir Olivier Boko. « Il faut du temps pour que les avocats prennent connaissance du dossier. Autant me condamner en même temps… Ce délai n’est pas raisonnable », a-t-il hurlé.
Les avocats de la défense dénoncent des irrégularités dans la procédure et les conditions de détention de leurs clients. « Nous ne pouvons accompagner le procès dans une telle irrégularité », a déclaré l’ancien bâtonnier du Burkina Faso, Baadhio Issouf, en charge de la défense de M. Boko et M. Homéky.
Il déplore le fait que ses clients soient « enfermés 24 heures sur 24 sans possibilité de sortie ». Pour Me Paul Kato Atita, un autre avocat de M. Boko, la procédure se déroule en « violation des règles les plus élémentaires ».
De son côté, Me Ayodélé Ahounou, l’un des avocats de M. Homéky, affirme que « toutes les limites ont été franchies en matière de respect des droits fondamentaux de la défense ».
Ces derniers mois, Olivier Boko avait commencé à afficher ses propres ambitions politiques, laissant entendre qu’il pourrait se présenter à l’élection présidentielle de 2026. Ce qui aurait déplu à Patrice Talon. Il était soutenu dans cette démarche par l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky.
Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat. Il est régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire.
Ephraïm Kafuti