Le gouvernement camerounais a qualifié deux groupes de coalition politique de « caractère illégal » et les a avertis de suspendre leurs activités dix-huit mois avant l’élection présidentielle.
Les ONG internationales accusent le régime du président Paul Biya, qui dirige d’une main de fer depuis plus de 41 ans, de réprimer systématiquement l’opposition. « L’Alliance politique pour le changement (APC) et l’Alliance pour la transition politique au Cameroun (ATP) ne sont pas des partis politiques au sens de la loi », a déclaré Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, dans un communiqué.
D’après ces mouvements clandestins ne peuvent exercer aucune activité politique. « Malgré le caractère illégal de ces mouvements, leurs promoteurs organisent des réunions, des conférences de presse et des consultations en vue de recruter de nouveaux membres », a-t-il expliqué.
Le communiqué exprime également son inquiétude face aux « pseudo-associations à l’approche de l’élection présidentielle de 2025 ». L’APC a rejeté ce qu’elle a qualifié de « curieuses menaces », dans une « déclaration qui indique la panique ».
L’alliance s’est déclarée « prête à affronter les élections de manière victorieuse » l’année prochaine.
L’APC, dirigée par l’ancien député Jean Michel Nintcheu, a été créée en décembre lors d’un congrès du principal parti d’opposition, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), qui a soutenu Maurice Kamto à la présidence lors du scrutin de 2018.
Kamto est arrivé deuxième et a qualifié la réélection de Biya de fraude. Il a été emprisonné sans procès l’année suivante, après avoir organisé des manifestations pacifiques. Le mouvement a boycotté les élections législatives de 2018 et a vu, au cours des deux années suivantes, 700 de ses partisans emprisonnés, dont Kamto.
La plupart ont été libérés après huit mois de détention sans procès, mais 47 ont été emprisonnés par un tribunal militaire en 2021 – 44 sont toujours en prison aujourd’hui.
Le groupe de défense des droits Amnesty International a accusé l’année dernière le régime de Biya, âgé de 91 ans, d’avoir utilisé des tribunaux militaires pour arrêter arbitrairement l’opposition, des civils, des journalistes et des personnalités de la société civile sous prétexte qu’ils avaient commis des actes terroristes.
AFP/Sahutiafrica