Vendredi 23 février, les premières indemnisations ont commencé à être versées aux victimes du régime d’Hissène Habré au Tchad. Après des discussions avec les associations de victimes, le gouvernement a annoncé le versement d’une enveloppe de 10 milliards de FCFA à environ 10 700 personnes.
Une avancée importante dans le processus de justice et de réparation suite au procès de l’ancien dictateur qui s’est conclu en 2016. Les négociations entre la présidence et les associations de victimes ont abouti à cette décision, malgré des demandes d’indemnisation bien plus élevées émanant des différentes cours de justice.
Adoumbaye Dam Pierre, président de l’association des victimes des crimes du régime d’Hissène Habré, souligne l’importance de ces premières indemnisations pour soulager les victimes, même si les dédommagements complets restent à être versés.
« Il y en a qui ont tout perdu pendant leur détention ; il y en a qui ont perdu leur mari et les enfants n’arrivent pas à aller à l’école. Imaginez qu’aujourd’hui, ça apporte quand même un peu de soulagement, même si ce n’est pas total, parce qu’il reste encore beaucoup d’argent, mais ce peu-là pourrait les aider pour leur santé, peut-être payer la scolarité des enfants », dit-il.
Malgré ce premier pas, Adoumbaye Dam Pierre exprime son espoir que la totalité des dédommagements prévus soit versée aux victimes. Cette association entend se rendre à Addis-Abeba pour rappeler l’engagement pris par l’État tchadien. Il s’agit de créer un fonds fiduciaire pour les indemnisations. Mais, cela se fait attendre depuis plus de trois ans.
Malgré les obstacles, les victimes et leurs représentants gardent espoir. Ils continuent de lutter pour obtenir justice et réparation. Les indemnisations en cours de versement représentent un premier pas vers la reconnaissance des souffrances endurées et la reconstruction des vies brisées par les exactions du régime d’Hissène Habré.
Décédé en 2021, Hissène Habré, ancien président du Tchad, a été condamné à la prison à vie pour crimes contre l’humanité, torture, viols, esclavage sexuel et crimes de guerre par les Chambres africaines extraordinaires au Sénégal. Le 27 avril 2017, une Cour d’appel a confirmé la condamnation et a ordonné à l’ancien chef de l’Etat de verser près de 123 millions d’euros pour indemniser les victimes.
Ben Tshokuta