Le gouvernement sud-africain a annoncé lundi rappeler ses diplomates en poste en Israël pour des consultations, pour « signaler » son « inquiétude » face aux bombardements israéliens meurtriers à Gaza.
Il a également critiqué les prises de position de l’ambassadeur israélien en Afrique du Sud, dénonçant ses « remarques désobligeantes » l’égard de ceux qui s’opposent « aux atrocités » commises selon lui par le gouvernement israélien.
Le Hamas, auteur des massacres du 7 octobre qui ont déclenché l’offensive israélienne dans la bande de Gaza qu’il contrôle, a salué la décision sud-africaine et appelé Pretoria à « rompre tous ses liens » avec Israël.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a de son côté apporté son soutien à son ambassadeur en Afrique du Sud, « qui représente la position du gouvernement et du peuple israéliens », selon le porte-parole du ministère Lior Haiat.
Pretoria est depuis longtemps un fervent défenseur de la cause palestinienne, le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), l’associant souvent à sa propre lutte contre l’apartheid.
« Le gouvernement sud-africain a décidé de retirer tous ses diplomates de Tel-Aviv pour des consultations », a annoncé à la presse la ministre auprès de la présidence, Khumbudzo Ntshaveni.
Elle n’a pas précisé la durée de ce rappel mais a souligné la « déception » de Pretoria face à « la poursuite des bombardements israéliens sur des écoles et cliniques » dans la bande de Gaza.
« Il s’agit d’une pratique normale, lorsqu’une situation est très préjudiciable et préoccupante », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Naledi Pandor lors d’un point presse distinct.
Les diplomates donneront un « briefing complet » sur la situation au gouvernement, qui décidera alors s’il peut apporter son aide ou si une « relation continue est réellement en mesure d’être maintenue ».
« Nous sommes, comme vous le savez, extrêmement préoccupés par la poursuite des meurtres d’enfants et de civils innocents dans les territoires palestiniens et nous pensons que la réponse d’Israël est devenue une punition collective », a déclaré Mme Pandor.
« Nous avons estimé qu’il était important de signaler l’inquiétude de l’Afrique du Sud tout en continuant à appeler à une cessation globale » des hostilités. La ministre auprès de la présidence, Khumbudzo Ntshaveni, a ajouté : « Un génocide sous le regard de la communauté internationale ne peut être toléré. Un nouvel holocauste dans l’histoire de l’humanité est inacceptable ».
Elle a précisé que le ministère des Affaires étrangères devait se prononcer prochainement à propos de l’ambassadeur israélien en Afrique du Sud, en dénonçant ses « remarques désobligeantes à l’égard de ceux qui s’opposent aux atrocités et au génocide perpétrés par le gouvernement israélien ».
La position de ce dernier « devient très intenable » et « le gouvernement a ordonné aux Affaires étrangères de prendre les mesures nécessaires dans le cadre des canaux et protocoles diplomatiques », a-t-elle ajouté.
« Il semble que certains ambassadeurs en Afrique du Sud aient l’étrange habitude de dire ce qu’ils veulent », a commenté de son côté Mme Pandor. « Je ne sais pas si c’est parce que c’est un pays africain et qu’ils nous manquent de respect, mais c’est quelque chose que nous ne devrions pas tolérer ».
De nombreuses manifestations autour du conflit, principalement pro-palestiniennes, ont eu lieu ces dernières semaines dans les grandes villes d’Afrique du Sud.
La communauté juive sud-africaine, la plus importante en Afrique subsaharienne, a organisé de son côté un dîner de shabbat en dressant une table au nombre des otages retenus par le Hamas depuis le 7 octobre ainsi que plusieurs manifestations, notamment au Cap.
Mi-octobre, Mme Pandor a confirmé un appel téléphonique avec le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, pour discuter de l’acheminement d’aide humanitaire vers Gaza mais a démenti tout soutien à l’attaque surprise des combattants du Hamas contre Israël.
AFP/Sahutiafrica