Le ras-le-bol de la population a poussé l’armée à renverser le président Christian Kabore. C’est ce qu’affirme Barka Ba, journaliste et analyste politique, qui a séjourné à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, quelques instants avant l’éviction du président Christian Kaboré. « La question n’était plus de savoir s’il y aurait coup d’Etat, mais quand est-ce que cela aura lieu », a indiqué l’analyste dans un entretien à Sahutiafrica.
Selon lui, « le coup d’État au Burkina Faso n’est pas une surprise ». La junte militaire affirme avoir pris le pouvoir face à l’incapacité de l’administration de Christian Kaboré d’endiguer la menace djihadiste, qui ronge le Burkina Faso depuis 2015. Le pays était plongé dans la crise après l’attaque contre une gendarmerie d’Inata, qui a fait une cinquantaine de morts. Des organisations de la société civile et d’opposition avaient appelé à manifester pour exiger la démission du président Kaboré.
Le ras-le-bol de la population
L’analyste Barka Ba estime que « la dégradation continue de la situation pouvait faire craindre le pire ». « Le président Kaboré a été fortement contesté dans sa gestion de cette crise. L’armée burkinabè comme les civils ont payé un très lourd tribut dans la lutte contre les djihadistes. Et chaque fois que de très lourdes pertes ont été enregistrées chez les civils comme chez les militaires, cela a créé une très forte émotion au niveau de l’opinion publique. Cela conjugue au ras-le-bol généralisé de la population, a poussé l’armée à le renverser », a-t-il expliqué.
L’attaque de Solhan et Inata, une goutte d’eau de trop ?
« Le carnage commis à Solhan par les djihadistes, causant près de 150 morts et l’attaque à Inata où la gendarmerie a perdu près de cinquante-trois éléments, a été la goutte d’eau de trop qui débordait le vase », a ajouté Barka Ba. Selon les experts, la stratégie d’usure suivie par les djihadistes au Sahel a été déterminante dans la chute en dix-huit mois de deux régime élus, mais qui étaient affaiblis et discrédités.
Les militaires vont-ils endiguer la menace djihadiste ?
Ousmane Diallo, chercheur d’Amnesty international, cité par l’AFP, pense que « les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et au Burkina entendent reprendre le contrôle. Seuls aux commandes, ils ont tous les moyens pour adopter la stratégie qu’ils estiment la plus efficace pour renverser la tendance ».
Lundi 24 janvier, des liesses de joie ont été observées à Ouagadougou. Les Burkinabè, qui soutiennent les putschistes, espèrent qu’ils vont éradiquer la menace djihadiste. « Mais s’ils ne réussissent pas, que se passera-t-il ? », s’est interrogé l’analyste Ousmane Diallo.
Joe Kashama et Trésor Mutombo