Le récent coming out de Brenda Biya, fille du président camerounais Paul Biya, « tourne au vinaigre » pour la jeune femme dont l’homosexualité s’affiche désormais comme une vive réaction au Cameroun, où l’homophobie reste profondément ancrée.
Dans un acte de défiance, face à son pays natal qui réprime pénalement l’homosexualité, elle a publié le 30 juin, dernier jour du mois des fiertés, une photo d’elle et de sa compagne, un mannequin brésilien, en train de s’embrasser, enveloppées dans la traine flamboyante de leurs manteaux de fourrures.
« Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache », légendait-elle. Depuis, elles sont séparées et Brenda Biya fait face à une plainte auprès du procureur de Yaoundé pour « incitation à la pratique de l’homosexualité » déposée par une petite association qui milite contre la dépénalisation de l’homosexualité.
« La photo est restée (…) sur mon Instagram pendant plusieurs heures (…) elle a été likée, repostée (..) par beaucoup de blogs, ne serait-ce qu’en Afrique, en Europe (…) et ça a un peu tourné au vinaigre à partir de là », a-t-elle commenté dans une vidéo récente sur TikTok.
« J’ai reçu beaucoup de commentaires négatifs (…) des insultes, beaucoup de critiques, j’ai également reçu beaucoup de soutien de la part des communautés LGBTQ, et d’organisations ou de personnes qui ne se sentaient pas représentées au Cameroun », a-t-elle ajouté. Son père, 91 ans, n’a fait aucun commentaire.
Au Cameroun, les rapports sexuels entre personnes du même sexe sont illégaux et passibles de peines allant de six mois à cinq ans d’emprisonnement. L’ONG Human Rights Watch avait dénoncé en 2022 les « violences et abus » dont sont régulièrement victimes les personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes) dans ce pays d’Afrique centrale.
Pour Alice Nkom, avocate camerounaise spécialisée dans la défense des personnes LGBT+, Brenda Biya « a pris le risque d’affronter son père et son président, et a brisé les chaînes de tout ça ».
« C’est une question de +droits de l’Homme+, donc tout le monde doit être autour de Brenda pour amplifier son message », ajoute Mme Nkom. Depuis, la photo de Brenda Biya, qui a beaucoup fait parler d’elle, a été supprimée sur son Instagram et la jeune femme qui vit à Genève a fait partie de son amertume.
D’autres images du couple qu’elle formait avec son amie mannequin, des clichés à caractère sexuel, ont fui sans son consentement sur son compte Instagram. Sur TikTok, Brenda Biya a accusé son ancienne amoureuse de dévoiler ses « photos intimes en ligne pour attirer l’attention de ses followers et peut-être même (soutirer) de l’argent ».
AFP/Sahutiafrica