Hier, j’ai mangé le soleil parce que j’avais faim. Très faim. Et bizarrement, au fond de mes entrailles, je sens aujourd’hui l’hiver. Un terrible hiver. Un hiver froid et sec. Oh la la ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Je sens mon estomac tout glacé par un venin étrange qui ne m’a pas permis de faire ma toilette matinale.
Quand je parle de toilette matinale comprenez « grand besoin » ou « gros besoin », la seule joie sans pareille dans le monde. Et Dieu seul sait combien j’adore faire ma toilette matinale. Oui, il le sait. Il le sait même trop bien. C’est lui qui l’a inventé. C’est pour cela que pour moi, c’est tout un culte. Un culte qui fait ma journée. Un culte sérieux où tout mon corps est une offrande. Parce qu’il n’y a pas que l’argent qui est une offrande à Dieu et cela tous les loin … (pardon) tous les oints de Dieu le savent trop bien.
Pour revenir à mon culte, j’aurai de la peine à vous décrire les sensations de joie ultime quand enfin on se sent dégager. Humm… comme ça fait du bien ! Ah oui « heureux ceux qui … chi… chicote… (j’ai eu honte de dire chie) parce qu’ils verront le paradis ». Et après tout dégagement normalement, après je me sens apte à écrire une bible, mais je n’en ai pas la prétention. Ça pourrait venir un jour. On ne sait jamais…
Mais comment diable ai-je fait pour manger le soleil ? Je dois avouer que c’est quand même bizarre non. « Manger le soleil », c’est quoi encore cette fable ? Ou même c’est quoi cette farce ? Et pourtant je tiens à vous le confirmer : j’ai bel et bien manger le soleil. Je l’ai mangé hier. Sur ma table, j’ai d’abord bu son sang.
Ensuite, je le découpais en petits morceaux pour atténuer sa chaleur. Et puis j’ai avalé chaque morceau sans mâcher pour ne pas me brûler la langue. C’était ça la seule condition pour que j’obtienne un poste ministériel dans le prochain gouvernement d’après mon marabout. Maître Satan le bon ngenge ya ebale Kongo lisu ya niawu pe litoyi ya liwa pona libiki ya Seko na Seko. Ce mec, mon marabout a un seul slogan « j’aime les gens plus que l’argent ».
Voilà pourquoi chez lui, les sacrifices des êtres humains c’est démodé. En passant, c’est le marabout lui-même qui a capturé pour moi le soleil et me l’a mis dans une assiette. Une assiette quand même sale qui contenait déjà le « sang sale » d’une folle parce que pour elle, les anglais venaient de débarquer. Et comme le soleil était trop beau à voir, j’ai tout avalé. D’un trait. Et comme j’ai sauvé la folle de la folie, moi maintenant j’attends.
J’attends mon poste ministériel. C’est ce qu’on appelle de la sorcellerie savante si pas de la sorcellerie positive où on sauve pour gagner. Et je le referai tant de fois même si ce n’est jamais pour être un jour « Président de la République ». Parce que ce genre de rêve là, il n’y a que les présidents qui peuvent le faire…
Mais en attendant si donc je ne suis pas dans le prochain gouvernement en tant que ministre de quelque chose, pas vice-ministre, mais ministre, pas ministre délégué, mais ministre national attitré et surtout multi titré et primé, et donc si je ne suis pas dans le prochain gouvernement de la nouvelle premier ministre (eh oui mon pays a enfin une dame comme premier ministre) ce que … tout ceci n’était qu’un rêve ! Un sale rêve. Attendons seulement et puis on verra bien.
Christian Gombo, Ecrivain