Brbrbrrrriiiiiii ! (son des motos). Il est 7 heures passé de 5 minutes, Christian en congé de travail, observe depuis sa fenêtre d’hôtel où il est logé à Moungali, un des arrondissements de Brazzaville, capitale congolaise. Cette partie de la ville est très commerçante, avec ses bars, discothèques et des mosquées, mais pas très bruyant comme chez lui à Kinshasa.
Papa boni ? Olamuki malamu traduit en français « Monsieur comment ? Bien réveillé ? », lui demande un vigile de l’hôtel. Il lui répond : tout va bien. M. Christian détecte aussi une forte présence des ouest-africains où des magasins vendent différents articles (quincaillerie, maisons d’habillement, plomberie, etc).
« La communauté ouest-africaine n’est pas seulement ici à Moungali (mdr). Il y a aussi une forte communauté à Poto-Poto, là-bas vous allez vous croire à Dakar », lâche Ousmane, la trentaine et vendeur dans un magasin situé près de l’hôtel.
10 heures passées d’une vingtaine de minutes. Christian, un Congolais de Kinshasa, veut visiter la ville. Il est surpris de voir un taximan klaxonné et lui demande sa destination. « Vous me parlez ? », rétorque-t-il au chauffeur. Oui, bien sûr, lui répond-il.
M. Christian, passe au chauffeur un carnet indiquant sa destination et le chauffeur lui indique que la course sera de 1000 Fcfa. Dans le trajet, le Kinois est le seul à être conduit dans une Toyota Corolla peinte de couleur verte et blanche. « C’est une première pour vous à Brazzaville hein. Votre agissement en dit beaucoup », dit le chauffeur.
Les chauffeurs brazzavillois semblent plus patients que ceux de Kinshasa
Jouer aux mots croisés durant des heures pour chercher des clients, travailler jusqu’à minuit le soir, parcourir la ville. En effet, Jean-François est un chauffeur de taxi, dont l’activité professionnelle oblige le plus souvent à faire des choses et vivre des expériences assez différentes de celles que l’on vit au quotidien.
Il prend le temps de raconter son métier. Les journées qui se suivent sans pour autant se ressembler. « Cela fait partie des raisons pour lesquelles j’ai souhaité devenir chauffeur de taxi », reconnaît le jeune homme, 27 ans. « Puis j’adore conduire, évidemment. » Il y a trois ans, Jean-François était commercial.
Contrairement à la majorité des chauffeurs de la capitale de l’autre rive, connue pour non-respect du code la route. Arrêts et départs intempestifs, stationnements gênants… Des chauffeurs de taxis de Kinshasa snobent le code de la route. Ils pratiquent plutôt ce qu’ils ont inventé.
A Brazzaville, les cas d’accidents de la route sont rares, confie un gendarme en plein service à Poto-poto. Chaque chauffeur vous accompagne jusqu’à votre destination.
« Depuis mon arrivée dans cette ville, j’ai une autre image des chauffeurs. Ils sont patients lorsqu’ils conduisent. Peut-être que je n’ai pas encore rencontré les pires chauffeurs », sourit Christian.
Avoir un billet de 10.000 FCFA à Brazzaville est synonyme d’avoir 20 Usd à Kinshasa. « Allons à une station-service pour trouver les petites coupures », lui signale le chauffeur. Même pour un billet de 10.000, s’exclame le Kinois.
Tout est calme. Il est 20 heures à Marien Ngouabi. L’on attend que les bruits des motos et quelques taxis qui sillonnent. Des boutiques et magasins sont fermés. Les rares qui sont ouverts ferment aussi.
« Tata awa, il faut komesana na solitude (ici père, il faut s’habituer à la solitude) », fait savoir le vigile à Christian.
Il ouvre sa chambre d’hôtel et y entre. L’approche physique lui manque certainement, mais il ne faiblit pas et espère avoir de nouvelles rencontres dans les jours à venir…
Depuis Brazzaville, Ali Maliki