Mais pourquoi et comment les médias étrangers ont pu avoir accès aux données du Congo Hold-up et pas les médias congolais? Et les médias en RDC n’ont fait que relayer le travail des autres sans se poser plus de questions sur la véracité et la pertinence de ces révélations. Elles sont, à priori, supposées être vraies et crédibles. Nous avons posé la question à Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme. Congo Hold-up est en fait une enquête publiée par un consortium de médias étrangers sur la RDC.
Dans un entretien exclusif à Sahutiafrica, Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), affirme qu’en RDC, “une culture de dépendance envers les médias et les Ong internationaux s’est installée”.
« Nous savions déjà une bonne partie des éléments contenus dans Congo Hold-up. Mais, à chaque fois que nous dénonçons les choses, nous réclamons des preuves. Elles ne sont pas mises à notre disposition. Or, les médias internationaux ont la possibilité d’avoir les preuves dans leurs propres pays ou auprès des organisations financières internationales facilement. Même nos politiques et autres autorités, préfèrent donner les éléments aux journalistes étrangers plutôt qu’aux Congolais », déplore JC Katende.
Cet activiste des droits de l’homme affirme qu’il était au courant des informations révélées par Congo Hold-up, un rapport rédigé par un consortium des Ong et des médias internationaux. Selon ce rapport, Joseph Kabila, ancien président congolais et ses proches auraient détourné près de 135 millions des caisses de l’État en utilisant la Bgfibank. Pour JC Katende, la justice congolaise devra se saisir de ce dossier pour juger les proches de Joseph Kabila cités dans ce rapport.
Eviter la diffamation sans preuve
« Pour ne pas tomber dans la diffamation, nous avons eues des réserves pour parler de ce que nous savions déjà parce que nous n’avions pas de preuves. Les banques ne peuvent pas fournir des preuves aux Congolais. Les quelques preuves qu’on a eu, sont celles qui ont été mises sur la place publique par les Congolais, qui travaillaient dans ces banques, notamment M. Jean-Jacques Lumumba », souligne Jean-Claude Katende.
D’après lui, « la divulgation de ce genre d’informations expose parfois aux représailles ». Il indique que « dans un tel environnement, les gens qui peuvent s’engager pour se lancer dans une dénonciation au risque de leurs vies. Ceux qui le font sont ceux qui estiment que leur travail est une vocation ».
Souvent, même «les présidents africains ont tendance à légitimer leur pouvoir en passant par ce que les médias occidentaux. Ils leur réservent la primeur des interviews et même certaines exclusivités qu’ils ne donnent pas aux médias de leurs propres pays. Les autorités congolaises n’échappent pas à cette règle. Aussi, en RDC, il n’y a pas une loi d’accès à l’information ou qui peut contraindre les décideurs à donner certaines informations. La Constitution dit qu’on a droit à l’information, mais elle ne précise pas comment on accède à cette information publique », a dit JC Katende.
Cela fait que, dans beaucoup de situations, les médias africains et congolais en particulier sont derrière les enquêtes et publications faites sur leurs pays par des médias occidentaux. Et répercutent, comme des caisses de résonance.
Alimasi Kambale/ Trésor Mutombo