Raymond Malonga , directeur du journal satirique congolais « Sel-Piment » détenu depuis le 2 février à la maison d’arrêt, est condamné à six mois d’emprisonnement ferme et à payer une lourde amende de 30.000.000 de francs CFA. La décision de la Cour correctionnelle de Brazzaville est tombée le 3 mai dernier. L’avocat du journaliste congolais estime que le jugement est disproportionné et a promis de faire appel.
« Raymond Malonga, 60 ans, a été jugé devant la chambre correctionnelle du tribunal de Brazzaville qui l’a reconnu coupable de diffamation et l’a condamné à six mois de prison et à payer une amende de 30 millions de FCFA soit plus de 45.000 euros », a déclaré Trésor Nzila, directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).
Selon les propos de l’un des fils de Raymond Malonga à l’Agence France Presse (AFP), le procès se serait déroulé en catimini alors que l’attention des professionnels des médias était tournée vers la commémoration de la journée internationale de la Liberté de la presse. Un véritable camouflé contre l’épanouissement de l’exercice du journalisme. Dans ce pays, la diffamation n’est pas considérée comme un crime, mais plutôt comme une question de déontologie du ressort du Conseil supérieur de la liberté de la communication (CSLC).
« C’est surprenant que le DP puisse subir un tel acharnement, alors qu’en cas de diffamation c’est le CSLC qui décide, une fois que cela est confirmé, de la mise en demeure momentanée du média, la suspension du confrère et des amandes qui n’excèdent pas le million », s’est indigné Claude un collaborateur extérieur de Raymond Malonga.
« Le délit de presse étant prohibé, c’est une preuve que notre justice est aux ordres du pouvoir et que là on est face à un déni de voir les professionnels de la presse exercer leur profession en toute liberté. Et là on montre clairement que le Congo est un pays où la liberté de la presse n’est pas respectée par les autorités et la justice », a réitéré Joe Washington Ebina, un défenseur des droits de l’homme.
Raymond Malonga, le directeur de publication de l’hebdomadaire satirique « Sel-Piment », aurait diffamé Georgette Okemba, épouse de l’Amiral Jean-Dominique Okemba, conseiller spécial du président Denis Sassou N’Guesso, l’accusant d’avoir détourné un milliard de FCFA (1,5 million d’euro) du Trésor public. Il a été arrêté le 2 février sur le lit d’hospitalisation dans une clinique à Brazzaville.
Achille Tshitoko