Jeudi 24 novembre, la junte au pouvoir en Guinée a lancé le cadre de dialogue inter-guinéen, rassemblant des partis politiques et d’organisations de la société civile, qui doivent discuter jusqu’au 15 décembre de l’organisation des élections, de l’élaboration d’une nouvelle Constitution, du référendum et du recensement préalable de la population.
Mais des principaux partis d’opposition à savoir : l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et le Front national de défense de la Constitution (FNDC), ont boycotté l’ouverture de ce dialogue avec les autorités dominées par les militaires.
Dans un communiqué, les responsables du FNDC rejettent à la fois du format et le contenu du cadre dialogue initié par le gouvernement.
« La coordination appelle à la libération sans condition de tous les détenus politiques injustement arrêtés et incarcérés à la maison centrale de Conakry et à l’intérieur du pays. Et exige la mise en place d’un cadre de dialogue permanent regroupant le CNRD, le gouvernement, le CNT, les acteurs politiques et la société civile en présence des diplomates du G5 et sous la présidence du médiateur de la Cédéao », a noté le communiqué.
Le 14 novembre, Bernard Goumou, Premier ministre guinéen, a indiqué que ces sujets pouvaient être discutés, mais ne pouvaient être un facteur de blocage du dialogue.
L’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, président de la Convergence Centriste pour l’Espoir (CCE), appelle ces partis de revenir à la raison. « Il y a encore beaucoup à faire. Je remercie le CNRD d’avoir pris l’initiative. Ceux qui ne sont pas là doivent être là. Il faut qu’ils arrivent, il faut qu’on se mette tous autour de la table. Il y a des pays qui ont connu des guerres, mais ça s’est toujours terminé autour de la table. C’est un passage obligé », a-t-il ajouté.
Ce dialogue, initié par la junte, est supposé associer le plus grand nombre à la conduite de la période dite de transition au cours de laquelle doit se préparer le retour des civils à la tête du pays. Mais il s’ouvre dans un climat de forte défiance après des mois de répression de toute dissidence.
La Guinée est dirigée par une junte qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021 à la faveur d’un des différents putschs qu’a connus l’Afrique de l’Ouest depuis deux ans. Les militaires se sont engagés à céder la place à des civils élus au terme d’une période au cours de laquelle ils disent vouloir mener de profondes réformes.
Les militaires conduits par le colonel Mamady Doumbouya viennent de consentir sous la pression de l’organisation des Etats ouest-africains Cédéao à limiter cette période transitoire à deux ans à partir de janvier 2023.
Ali Maliki