Le PPRD, ancien parti au pouvoir, boycotte l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs lancée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) il y a deux semaines. Ce qui laisse planer l’incertitude sur la participation du parti de Joseph Kabila, ancien président congolaise, au processus électoral.
Le PPRD va-t-il le boycotter ? Pour l’instant, le PPRD dit ne pas être concerné avec l’actuelle composition de la Ceni. Telle est la décision prise à l’issue d’une réunion de ses cadres jeudi 5 janvier. Emmanuel Ramazani, secrétaire permanent du PPRD, est clair. « Nous irons à l’enrôlement lorsque la CENI sera consensuelle, la crédibilité des élections passe par une CENI consensuelle, toutes les parties prenantes doivent être représentés », dit-il.
Pour cette formation politique, les élections doivent se tenir à la date fixée, mais il faut des préalables pour garantir leur transparence, crédibilité et inclusivité. Pourtant, le professeur Placide Mabaka, analyste politique congolais, estime que cette démarche est « non-sens » et « irresponsable pour ceux qui étaient aux affaires ». Pour lui, le PPRD semble vouloir pratiquer la politique de la chaise vide comme l’UDPS, alors dans l’opposition, l’avait fait lors des élections de 2006. Il affirme que « le processus électoral va se poursuivre malgré leur boycott ».
« La composition de la CENI et de la Cour constitutionnelle a toujours posé problème. Même lorsqu’ils étaient aux affaires (PPRD). Il faut qu’on réfléchisse justement sur la manière, dont ces institutions doivent être composées pour éviter ce genre de problème. D’où ma thèse sur une nouvelle Constitution et une refonte des institutions voire de l’État. Parce que les problèmes sont posés, mais on n’y apporte pas des solutions », explique Placide Mabaka à Sahutiafrica.
L’analyste rappelle que « c’est le Parlement qui a décidé du choix de membre de la CENI ». « Lorsqu’ils veulent dire : une CENI consensuelle, cela veut dire qu’il faut retirer au Parlement cette prorogative. Dans ce cas, ce sont des partis politique ou que sais-je, qui doivent s’arranger pour trouver un consensus sur la désignation de membres de la CENI. Ce qui est déjà anticonstitutionnel et illégal. Le consensus ne va rien régler. Ça veut dire tout simplement partage du gâteau », indique-t-il.
Le PPRD laisse planer les doutes. La décision de participer ou pas au processus électoral devra être lors du congrès de cette formation politique. Jusque-là, aucune date n’a été fixée quant à ce. Bien que critique, Lamuka de Martin Fayulu, farouche opposant au président Tshisekedi, va participer au processus électoral. Même si la question du consensus dans la composition de la CENI divise.
Au lendemain de la fête de Noël, Martin Fayulu, Matata Ponyo et Denis Mukwege ont appelé à la reconstitution de la commission électorale indépendante (CENI) et de la Cour constitutionnelle. Est-ce un débat sans fin ? « Je pense qu’il est temps au regard justement des dysfonctionnements qu’il y a, depuis 2006, qu’on réfléchisse sur des nouveaux mécanismes constitutionnels pour régler tous ces problèmes. J’y travaille. Tant qu’on restera dans la Constitution de la IIIe République, ce problème ne sera pas résolu. Il faut amener des nouvelles réflexions. Un souffle nouveau par des Congolais et pour des Congolais pour résoudre ces problèmes », prône le professeur Placide Mabaka.
Trésor Mutombo