Dominé par l’opposition, le Parlement a été dissous trois jours après des affrontements armés, selon un décret du présidentiel publié ce lundi 4 décembre. Bilan des affrontements ? Au moins deux morts.
« La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions de la Constitution », rapporte ce document. C’est une décision qui intervient après les affrontements armés que les autorités ont qualifiés « de tentative de coup d’Etat ».
Le président Umaro Sissoco Embalo justifie sa décision, dénonçant « la passivité du gouvernement » face aux évènements. « Après cette tentative de coup d’État menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l’existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l’existence d’une grave crise politique », a déclaré le président Umaro Sissoco Embalo.
Ces affrontements ont éclaté, jeudi dans la soirée. En fait, des éléments de la Garde nationale ont fait irruption dans les locaux de la police judiciaire pour en extraire le ministre de l’Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d’Etat au Trésor public, Antonio Monteiro qui y étaient interrogés. Puis, ils se sont mis à l’abri dans un camp militaire de la capitale Bissau, et ont résisté jusqu’à vendredi matin par les armes.
La Garde nationale relève essentiellement du ministère de l’Intérieur, donc du gouvernement, lui-même émanation du Parlement dominé par l’opposition. Pourtant, le parquet, qui a ordonné l’interpellation des deux membres du gouvernement, répond à la présidence. Ces évènements ont illustré un nouveau bras de fer entre la présidence et le gouvernement.
Pour M. Embalo, le but de la Garde nationale, en cherchant à libérer les deux membres du gouvernement, était d’entraver les investigations diligentées par le parquet. D’après lui, ils avaient été placés en garde à vue jeudi et interrogés à propos d’un retrait de dix millions Usd des caisses de l’Etat.
Le président Embalo accuse le Parlement d’avoir « préféré défendre des membres de l’exécutif soupçonnés d’actes de corruption portant gravement atteinte aux intérêts supérieurs de l’État ».
En juin dernier, une coalition constituée autour de l’historique Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) a remporté les législatives. Une situation qui a contraint le président Embalo dans une cohabitation avec le gouvernement. Depuis, le chef de l’Etat s’est lancé dans un bras de fer avec le gouvernement.
La Rédaction