Colère, tristesse, effroi, étonnement et beaucoup d’interrogations aussi. En RDC, l’assassinat de Chérubin Okende, proche de Moïse Katumbi et ancien ministre congolais des Transports, retrouvé jeudi 13 juillet, a plongé tout le pays dans l’émoi, et plusieurs Congolais, politiques, membres de la société civile ou citoyens lambda ne décolèrent pas.
Sur les réseaux sociaux, chacun y va de ses déclarations et de ses interpellations. Le milieu politique, tous les bords confondus, s’est montré le plus touché par cette tragédie, notamment à travers les déclarations telles que celles de Delly Sessanga, qui sur Twitter dit condamner « l’assassinat du Ministre honoraire des Transports, en pleine ville de Kinshasa ».
Il désapprouve cet acte odieux et inacceptable dans un Etat dit de droit. « Il s’ajoute à la liste déjà longue des martyrs et victime de l’incapacité du régime à assurer notre sécurité, dans une volonté claire d’insuffler la terreur dans le pays » écrit l’opposant.
« J’ai appris à maîtriser les pleurs. Mais, je n’ai pas pu me retenir à l’annonce de l’assassinat de Chérubin. Pour moi, c’était un petit frère. J’ai pleuré et pleure encore. », a dit pour sa part Alexis Thambwe-Mwamba, ancien président du Sénat et proche du chef de l’État honoraire Joseph Kabila.
Augustin Matata Ponyo, ancien premier ministre, dénonce, lui, avec la dernière énergie cet assassinat. « Cela est d’autant plus grave qu’il aurait été enlevé dans l’enceinte de la Cour constitutionnelle. Qui l’aurait cru ! Nous sommes rentrés dans un régime de terreur et de dictature inqualifiable. Mes condoléances à la famille éprouvée et au Parti Ensemble », écrit-il.
« Profondément affectée et indignée par le meurtre lâche de notre collègue l’honorable Chérubin Okende. Cet acte ignoble ne peut rester impuni. Nous condamnons et invitons la justice à traquer les auteurs de cet assassinat », a réagi Solange Masumbuko, députée nationale proche du pouvoir.
Outre les personnalités de premier plan, les citoyens lambda y sont allés aussi de leur commentaire. Certaines soupçonnent une conspiration de sa famille politique, d’autres par contre pointent du doigt le pouvoir en place.
« La justice congolaise doit savoir protéger les personnes qu’elle interpelle, surtout si celles-ci ont des vérités à révéler. Il est fort probable que la famille politique d’Okende l’ait tue à de peur qu’il ne dévoile des choses. Salomon aurait peut-être subi le même sort, s’il n’était pas emprisonné », écrit Clément Ilunga Kabasele, sur twitter.
Avis partagé par Alkan Kan, selon lui, « ce crime odieux profite uniquement au camp de Katumbi. « Chérubin Okende ne représentait aucun danger pour que le pouvoir en place s’attaque à lui. Sa famille politique y est pour quelque chose », tranche-t-il.
« Ils viennent de tuer Chérubin Okende mais ils ne réussiront jamais à faire disparaitre sa vision. C’est inutile de nous parler d’une quelconque enquête locale, car notre cher disparu était un opposant qui gênait le pouvoir en place », réagit Ferdinand Seka dans un tweet.
Michale Tshibangu, internaute congolais, s’interroge sur le récent discours président Tshisekedi à Mbuji-Mayi. « J’attaquerai sans remords et sans hésitation…Peu importe ce qu’on en dira, violation de droits de l’homme, privation de liberté, je n’en démordrais pas… Comment ce discours du président de la République a-t-il été interprété par les services de sécurité et la justice ? », se questionne-t-il.
C’est dans cette marre de rumeurs, accusations et suppositions que la justice a annoncées l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances de la mort de Chérubin Okende. La Cour constitutionnelle a déclaré dans la soirée qu’une personne a été arrêtée et auditionnée dans l’affaire.
Mervedie Mikanu et Dinho Kazadi