Eve Bazaiba, ministre congolaise de l’Environnement, a-t-elle attribué de manière illégale de concessions forestières de conservation à la société Sorfa dans la Tshopo et Sud-Ubangi ? L’ONG Greenpeace l’a affirmé, alors que le Groupe de travail climat Redd rénové (Gtcrr) dénonce « une tendance malveillante à détourner l’attention de la population ».
Selon Greenpeace Afrique, Mme Bazaiba aurait accordé des concessions à la société Sorfa avant même que celle-ci ne soit officiellement enregistrée en RDC, soulevant des questions sur la transparence et la légalité de ces transactions.
« La concession n°001/23, à Basoko (Tshopo), a été attribuée à la Société de restauration forestière et d’aménagement (SORFA). Selon ses statuts, WWC possède 70% de la firme, le Prof. Jean-Robert Bwangoy, directeur des opérations WWC au Congo,10%, et la cousine de celui-ci, une certaine Meize Mompongo, 20% », rapporte le communiqué de cette organisation.
Interrogé sur cette affaire, Jean-Robert Bwangoy affirme que « Mme Mompongo était censée représenter les communautés riveraines des concessions Sorfa, sans préciser comment elle pourrait le faire de manière indépendante, étant donné sa relation de parenté avec le directeur de la société ».
Greenpeace pointe les incohérences dans les justifications données par les parties impliquées, mettant en lumière le caractère opaque et potentiellement illégal de ces transactions. Sahutiafrica a tenté de contacter un proche de la ministre de l’Environnement. Sans succès.
Ce mercredi, le Gtcrr a, devant un parterre de journalistes, qualifié ces allégations sur l’octroi des concessions forestières de conservation de « tendancieuses et olfactives ». Pour cette structure, aucune disposition légale n’a été violée et ces concessions ont été attribuées pour l’intérêt des communautés autochtones et locales.
Pourtant, Greenpeace révèle qu’Eve Bazaiba aurait attribué à cette société des concessions de conservation couvrant plus d’un million d’hectares. Piour le Gtcrr, aucune disposition n’a été violée.
« Ces concessions ont été attribuées pour l’intérêt des communautés autochtones et locales. Ce qui est vrai, les estimations tendancieuses de Greenpeace Afrique présentées d’une manière globale, ne sont ni cohérentes et moins encore objectives. D’où vient le 1 million d’hectares de forêts attribuées à WWC ? Où sont ces forêts octroyées à une même société WWC illustrant un million d’hectares ? », a réagi le Gtcrr.
Selon cette structure, aucune de trois entreprises ne dispose de concessions d’une superficie supérieur à 300.000 hectares d’un seul tenant ou plus de 500.000 hectares de plusieurs. Elle indique aussi que « les trois entreprises citées par Greenpeace Afrique n’ont pas les mêmes actionnaires et ont été enregistrées distinctement au Guichet Unique ».
En RDC, le code forestier limite à 500 000 hectares pour une même entité, avec des conditions spécifiques pour les concessions de grande ampleur nécessitant des approbations présidentielles ou parlementaires.
Ben Tshokuta et Trésor Mutombo