En Somalie, la maladie frappe un district ravagé par les inondations

Les eaux de crue dans le district de Dolow, au sud-ouest de la Somalie, ont peut-être commencé à reculer, pour l’instant, mais les familles désemparées qui ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance dans le déluge boueux risquent désormais de contracter une maladie potentiellement mortelle.

 

Shukri Abdi Osman, 34 ans, mère de trois enfants, se réfugie dans un camp pour personnes déplacées à Dolow avec ses enfants, parmi environ 700 familles contraintes de fuir alors que des crues soudaines ont englouti de nombreux quartiers de la ville.

 

« Je n’ai jamais vu d’inondations aussi dévastatrices auparavant, tout s’est passé rapidement. Lorsque nous avons réalisé que l’eau arrivait, il était trop tard pour récupérer toutes nos affaires. Nous avons quitté nos maisons à minuit et nous n’avons pu récupérer que nos enfants », a-t-elle déclaré à l’AFP.

 

En tant que soutien de famille, Osman a déclaré qu’elle pensait avoir un avenir brillant, avec l’intention d’agrandir son kiosque de fruits et légumes florissant dans le quartier de Garbolow à Dolow, situé sur la rivière Juba, près de la frontière éthiopienne.

 

« Mais je me suis retrouvée ici, dans ce camp de déplacés, attendant désespérément que la situation change. Mon entreprise a disparu, ma propriété est détruite et ma maison engloutie dans l’eau », a-t-elle déclaré, alors qu’elle luttait pour allumer du bois de chauffage pour préparer un repas pour ses enfants.

 

«Fosses septiques qui fuient»

 

Et maintenant, la maladie constitue une menace pour sa famille. « Les toilettes ont été détruites et même l’eau du robinet est désormais mélangée aux eaux sales des inondations, notamment celles des fosses septiques qui fuient », a-t-elle déclaré.

 

« La situation est très difficile maintenant dans ce camp, ma fille ne se sent pas bien, elle a peut-être déjà contracté le paludisme et la typhoïde ». Le gouvernement somalien a déclaré l’état d’urgence suite à ce que les Nations Unies ont qualifié d’inondations « qui n’arrivent qu’une fois par siècle », avec près de 100 morts à travers le pays et 700 000 personnes sans abri.

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Des pluies torrentielles liées au phénomène météorologique El Nino ont frappé la Corne de l’Afrique à la suite de la pire sécheresse depuis 40 ans, qui a conduit des millions de personnes au bord de la famine en Somalie.

 

Il est considéré comme l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique, enfermé dans un cercle vicieux de sécheresse et d’inondations. Mais, il est particulièrement mal équipé pour faire face à la crise alors qu’il lutte contre une pauvreté profonde et une insurrection islamiste meurtrière. Lors de l’un des pires épisodes d’El Nino, fin 1997 et début 1998, au moins 1 800 personnes sont mortes rien qu’en Somalie lorsque le fleuve Juba est sorti de son lit.

 

Les dernières inondations ont emporté des maisons, des écoles, des terres agricoles, des routes et des ponts, laissant de nombreuses personnes sans abri, sans nourriture ou sans eau potable.

 

«Des enfants couverts de piqûres de moustiques»

 

Mohamed Dahir, responsable de l’eau et de l’assainissement pour l’association caritative américaine Mercy Corps, a déclaré à l’AFP que les agences humanitaires s’inquiètent désormais du sort des personnes vulnérables à la maladie.

 

« La possibilité d’une épidémie de paludisme est élevée à cause des moustiques, et il existe également des inquiétudes quant à l’apparition de diarrhées aqueuses en raison de la contamination possible du système d’approvisionnement en eau ».

 

« Nous ne connaissons pas encore exactement le niveau de contamination mais ce que nous avons constaté, ce sont les fosses septiques qui fuient et les toilettes détruites du quartier concerné qui contaminent les puits d’eau ».

 

L’agence humanitaire des Nations Unies OCHA a déclaré dans une mise à jour la semaine dernière que 33 districts de Somalie avaient été inondés, avec une augmentation significative des cas de diarrhée aqueuse aiguë (AWD) ou de choléra et une augmentation des cas de paludisme. On craint que l’eau stagnante contaminée autour des écoles ne pose un « risque sérieux » de maladies d’origine hydrique pour les écoliers.

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Sadia Sharif Hassan, 40 ans, mère de sept enfants, est assise dans un abri de fortune dans un camp de personnes déplacées de Dolow, suppliant son voisin de lui fournir un récipient pour qu’elle puisse aller chercher de l’eau.

 

« Le plus important est de sauver la vie de nos enfants », a-t-elle déclaré à l’AFP, affirmant que la famille avait à peine assez à manger chaque jour. « Les moustiques sont implacables et plusieurs de mes enfants ne se sentent déjà pas bien, ils souffrent de fièvre… tous leurs corps sont désormais couverts de piqûres ».

 

«Nous nous sommes enfuis avec nos vies»

 

À Garboolow, Owliyo Mohamed Abdirahman, 70 ans, a failli glisser et tomber dans la boue alors qu’elle tentait de récupérer les affaires de sa maison en tôle ondulée endommagée, mais elle a constaté que tout avait été emporté. « C’est ce qui reste de ma maison dans laquelle je vivais avec mon fils qui est maintenant malade, ses enfants et sa femme », dit-elle désespérée. « Nous avons fui avec nos vies et n’avons rien emporté d’autre ».

 

Elle et sa famille doivent compter sur la gentillesse de sympathisants qui leur ont fourni de la nourriture et des vêtements. La Somalie est prisonnière d’un cycle sans fin de sécheresse et d’inondations. Lors de l’un des pires épisodes d’El Nino, fin 1997 et début 1998, au moins 1 800 personnes sont mortes lorsque le fleuve Juba est sorti de son lit.

 

Le commissaire de Garboolow, Mursal Mohamed Adan, a déclaré que les autorités attendaient avec impatience l’aide des agences humanitaires. « Dieu sait ce qui va suivre, mais nous craignons toujours que si les pluies continuent de provoquer davantage d’inondations, cela ne fera qu’aggraver la situation ».

 

AFP/Sahutiafrica

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