Alors qu’un groupe d’experts des Nations unies a fait état du soutien de l’Ouganda à la rébellion du M23 dans un rapport, Kampala rejette ces allégations et affirme ne pas être utilisé comme une base des rebelles.
« Nous avons de très bonnes relations avec le gouvernement de la RDC », a réagi le général Félix Kulayigye, porte-parole de l’armée ougandaise, cité par RFI. Il veut dissiper le malentendu autour du récent rapport d’experts onusiens faisant état du soutien de l’Ouganda à la rébellion du M23.
Pour l’officier ougandais, ce rapport est biaisé et n’a aucun fondement scientifique. « Nous n’avons aucune raison de soutenir ces rebelles, alors que nous faisons partie des mécanismes régionaux pour la résolution des conflits dans l’est de la RDC », a-t-il réagi.
M. Kulayigye s’en prend à ces experts et voit ce rapport comme une façon de « saboter les efforts qu’ils entreprennent au lieu plutôt de les soutenir ». « Si ces experts sont réellement des Nations unies, ils devraient soutenir les efforts régionaux pour trouver une solution pacifique, plutôt que de nous accuser de prendre partie », a déclaré le général Félix Kulayigye.
Pourtant, ce rapport de 299 pages, consulté par Sahutiafrica, atteste du soutien de Kampala aux rebelles du M23. Selon le document, l’Ouganda n’a pas interdit les troupes du M23 et de l’armée rwandaise ni leur passage sur son territoire. Ce groupe d’experts affirme avoir obtenu des preuves qui confirment le soutien actif donné au M23 par certains responsables de l’armée ougandaise (UPDF) et le commandement des services de renseignements militaires.
« Le 27 janvier 2024, plusieurs sources ont vu des soldats ougandais passer par Kitagoma pour se rendre en RDC et mener des opérations dans les zones contrôlées par le M23, en particulier le groupement et la ville de Rusthuru, d’où un groupe est allé vers Tongo et l’autre vers Mabenga », renseigne ce rapport, évoquant aussi le fait que Sultani Makenga, chef militaire du M23 sous sanction, s’est rendu à Kampala malgré une interdiction à voyage.
Jusque-là, les relations entre Kinshasa et Kampala n’ont pas été secouées. Les armées de deux pays mènent des opérations contre les rebelles ADF, affiliés à l’Etat islamique (EI), à Beni au Nord-Kivu et en Ituri, dans l’est de la RDC. Ils collaborent aussi sur des questions d’infrastructures dans la zone de Beni-Kasindi. Une telle révélation sur le rôle de l’Ouganda a de quoi préoccuper Kinshasa.
D’après Thérèse Kayikwamba, cheffe de la diplomatie congolaise, Kinshasa est préoccupé, mais aussi par le fait que des sources de services congolais indiquent des tendances similaires. « Je pense que dans le cadre de nos liens qui existent entre la RDC et l’Ouganda, les liens bilatéraux assez solides que nous avons, nous allons soulever la question à travers le canal diplomatique, évidemment, qui est le mien », a déclaré Mme Kayikwamba.
Déjà en froid avec Kigali depuis la résurgence de cette rébellion, Kinshasa se montre, pour l’heure, réticent à ouvrir un front diplomatique avec Kampala. De son côté, l’Ouganda nie tout lien avec les rebelles du M23, qui contrôlent plusieurs localités dans les territoires de Rusthuru, Masisi et de Nyiragongo.
« Nous avons d’ailleurs une mission conjointe dans la région de l’Ituri pour lutter contre les terroristes des ADF. Alors pourquoi, est-ce que l’on soutiendrait un groupe qui se bat contre le gouvernement avec lequel nous travaillons ? », s’interroge le porte-parole de l’armée ougandaise.
Trésor Mutombo