Kigali a « contesté » la décision de la Cour suprême britannique confirmant mercredi l’illégalité du projet hautement controversé du gouvernement d’expulser vers le Rwanda les demandeurs d’asile d’où qu’ils viennent, a affirmé à l’AFP la porte-parole du gouvernement rwandais.
« Il s’agit en fin de compte d’une décision qui relève du système judiciaire britannique. Cependant, nous contestons la décision selon laquelle le Rwanda n’est pas un pays tiers sûr pour les demandeurs d’asile et les réfugiés », a déclaré Yolande Makolo.
Les hauts magistrats britanniques avaient rejeté l’appel du gouvernement de Rishi Sunak et jugé que c’est à juste titre que la cour d’appel avait conclu que le Rwanda ne pouvait être considéré comme un pays tiers sûr.
En matière de droits humains, le Rwanda, dirigé d’une main de fer par Paul Kagame, est régulièrement épinglé pour sa durée répression des oppositions politiques et son non-respect de la liberté d’expression.
« Nous prenons nos responsabilités humanitaires au sérieux et continuons à nous en acquitter », a affirmé Yolande Makolo.
Le chef du principal parti d’opposition, le Parti vert démocrate du Rwanda, Frank Habineza, a de son côté « salué la décision de la Cour suprême du Royaume Uni ». « Nous pensons que des pays comme le Royaume-Uni ne devraient pas transférer leurs obligations au Rwanda », a-t-il poursuivi, affirmant que l’accord ne respectait pas « les droits fondamentaux des demandeurs d’asile ». Le projet avait été annoncé il ya un an et demi, à l’époque sous le gouvernement de Boris Johnson.
Cet accord, qui court sur une durée de cinq ans, prévoyait que Londres verse en contrepartie à Kigali 140 millions de livres sterling (160 millions d’euros), une somme affectée à l’aide au développement et à la prise en charge des migrants. expulsé, dans l’idée qu’ils s’établissent dans le pays d’Afrique.
Mi-2022, un premier vol avait été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Puis fin juin dernier, la cour d’appel de Londres a jugé le projet « illégal », estimant que le Rwanda ne pouvait en l’état être considéré comme un « pays tiers sûr ».
AFP/Sahutiafrica