Philippe Hategekimana, ancien gendarme rwandais naturalisé français sous le nom de Philippe Manier, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour génocide et crimes contre l’humanité. Telle a tranché la Cour d’assises de Paris en France mercredi 28 juin.
Il avait été accusé d’avoir participé ou encouragé le meurtre de dizaines de Tutsi dans la préfecture de Butare au sud du Rwanda, dont le bourgmestre de Ntyazo qui résistait à l’exécution du génocide dans sa commune en 1994 au Rwanda.
A la barre, il a reconnu la réalité du génocide, mais a nié toute implication dans sa mise en œuvre. Chose réfutée par l’accusation, qui a affirmé que l’ex-gendarme avait notamment ordonné et supervisé l’érection de plusieurs barrières, des barrages routiers, destinés à contrôler et à assassiner les civils tutsi.
L’accusation reprochait également à M. Manier d’avoir participé, en donnant des ordres, et même en s’impliquant directement dans trois massacres : celui de la colline de Nyabubare où 300 personnes ont été tuées le 23 avril 1994, quatre jours plus tard, de la colline de Nyamure où s’étaient réfugiés des milliers de Tutsis et celui de l’Institut des sciences agronomes du Rwanda, où des dizaines de milliers de victimes ont été recensées.
Les charges retenues contre lui étaient : « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation des crimes de génocide et autres crimes contre l’humanité, génocide et crime contre l’humanité ».
À l’issue du procès, la cour a suivi à la lettre les réquisitions du parquet et reconnu coupable M. Manier de presque tous les chefs d’accusation qui pesaient à son encontre. À l’annonce du verdict, des Rwandais, parties civiles au procès, ont laissé éclater leur joie, en chantant et dansant à l’extérieur de la salle d’audience. L’accusé lui-même est resté sans réaction, comme souvent pendant les sept semaines de procès.
Dinho Kazadi