Après avoir échappé à une attaque de drone sur une base dans l’est du Soudan, le général Abel Fattah al-Burhane, chef de l’armée soudanaise, campe sur sa position et exclut toute négociation avec le camp du général Hemedti, son rival et chef de Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR).
« Nous ne reculerons pas, nous ne nous rendrons pas, et nous ne négocierons pas. Nous n’avons pas peur des drones », a-t-il déclaré après l’attaque devant les troupes sur la base de Gibet.
Cette attaque de mercredi, est la première sur une base dans l’Etat de la mer Rouge (est) où l’armée, le gouvernement et l’ONU ont pris leurs quartiers. Jusque-là, cette attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. Après cette attaque, de drone sur la base de Gibet, où le général Burhane assistait à une cérémonie de remise de diplômes, à une centaine de kilomètres de Port-Soudan, devenue la capitale de facto du gouvernement fidèle à l’armée, a fait état de cinq morts.
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre opposant l’armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo, ex-adjoint du général Burhane. Actuellement, les paramilitaires contrôlent la majeure partie de la capitale Khartoum, de l’Etat d’al-Jazira (centre), de la région du Darfour (ouest) et de larges pans du Kordofan (sud).
Ils ont réalisé, depuis fin juin dernier, une percée significative dans le sud-est du pays, s’emparant de bases militaires dans l’Etat du Sennar, resserrant l’étau autour de la ville de Port-Soudan. Au Darfour, les paramilitaires assiègent la ville d’el-Facher, chef-lieu de l’Etat du Darfour-Nord. C’est la seule capitale des cinq États du Darfour à échapper à leur contrôle, exposant des centaines de milliers de civils à la faim et à la soif.
« Nous ne déposerons pas les armes tant que nous n’aurons pas à purger ce pays de tous les conspirateurs et de tous les rebelles », a promis Abdel Fattah al-Burhane.
Cette guerre depuis son début, qui fait rage depuis 15 mois, a fait des dizaines de milliers de morts. Certaines estimations font état de 150.000 personnes tuées, selon l’envoyé américain au Soudan, Tom Perriello. Elle a provoqué le déplacement de plus de dix millions de personnes à l’intérieur du pays, ravageant les infrastructures et poussant le Soudan au bord de la famine.
Si les deux camps ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l’aide humanitaire, les Etats-Unis ont invité l’armée et les paramilitaires à des négociations en août à Genève en vue d’un cessez-le-feu. Mardi, le ministère des Affaires étrangères soudanais a dit vouloir davantage de discussions avant de répondre positivement à l’invitation de Washington.
Entre samedi et lundi, au moins soixante-cinq personnes, majoritairement des enfants, ont été tuées lors de bombardements des FSR, selon un communiqué des comités locaux d’entraide.
Josaphat Mayi