Le délai de trente-six mois de transition n’est pas le fruit d’un large consensus en Guinée, dénonce Abdoulaye Oumo Sow, porte-parole du Front pour la défense de la constitution, à Sahutiafrica. D’après lui, ce délai est inacceptable pour une transition.
« Le Conseil national de transition (CNT) est un organe de transition. Cela veut dire qu’en aucun moment il peut entériner ce délai de la transition. Si le CNT l’a fait aujourd’hui, nous estimons que c’est une caisse de résonance du pouvoir », affirme M. Oumo.
Pour lui, « tout ce que la junte est en train de faire aujourd’hui, c’est une machination pour pouvoir confisquer le pouvoir ». Le FNDC projette des manifestions contre le délai de trente-six mois de transition qu’il juge exagéré.
La démocratie ou la dictature ?
« Il faut aider la Guinée à renouer avec l’ordre constitutionnel parce que les populations ne doivent être dirigées que par des personnes qu’elles ont élues. Si non, nous avons en face deux choix : faire de la Guinée un pays démocratique ou de dictature. Si nous choisissons la seconde option, ce sera en péril de la junte », prévient Abdoulaye Oumo Sow.
Pourtant, le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte militaire, qui a proposé trente-neuf mois de transition, avait affirmé avoir présenté ce chronogramme après un large consensus. Les trente-six mois de transition sont validés par le CNT huit mois après l’éviction d’Alpha Condé, ex-président. Mais la Cédéao, qui a menacé de sanctionner la Guinée, veut d’un calendrier acceptable pour le retour des civils au pouvoir.
«La junte au pouvoir n’est pas sincère»
La junte au pouvoir a lancé depuis mars, deux consultations politiques. Une conférence dite de réconciliation et un cadre de concertation inclusif. Mais elles ont été boudées par le FNDC. « La junte au pouvoir n’est pas sincère d’autant plus que le dialogue inclusif qu’ils ont mis en place, n’a jamais vu le jour », lâche M. Oumo.
« Dans ce dialogue mis en place, le décret disait qu’il fallait avoir un secrétariat permanent. Ce dernier n’a jamais été mis en place. Cela veut dire que ce dialogue n’a jamais existé », ajoute-il. Le colonel Mamady Doumbouya a promis d’organiser des élections censées ramener les civils au pouvoir. Et selon la charte de la transition, aucune autorité de la transition ne va candidater lors de ces scrutins.
« Nous avons l’impression que la junte au pouvoir est en train de gérer la transition à souhait. Et veut mettre les acteurs sociaux-politiques devant le fait accompli. Cela ne marchera pas », conclut Abdoulaye Oumo Sow.
Trésor Mutombo