Guinée : suspension de la grève générale après la libération d’un responsable syndical

En Guinée, la grève générale a été suspendue après la libération du responsable d’un syndicat de presse et la reprise des négociations entre le mouvement syndical et les autorités mercredi 29 février.

 

Le mouvement syndical guinéen « informe les autorités publiques, privées et informelles de sa disponibilité à reprendre les négociations dès demain jeudi ». « A cet effet, le Mouvement Syndical Guinéen suspend la grève générale et illimitée déclenchée le lundi 26 février », poursuit le communiqué.

 

Cette décision fait suite à la libération plus tôt dans la journée de Sekou Jamal Pendessa, Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG). Détenu depuis plus d’un mois pour avoir appelé à manifester contre la censure, ce dernier est sorti libre d’un tribunal de Conakry après avoir été condamné mercredi en appel à un mois de prison ferme.

 

Avec la libération de Jamal Pendessa, « on peut retourner à la table des négociations avec le gouvernement pour appuyer les autres points de revendications », avait déclaré à la bourse du Travail Abdoulaye Sow, porte-parole du mouvement syndical, en présence du syndicaliste tout juste relâché.

 

Au menu des discussions à venir : la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et le respect d’un accord lié à l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires.

 

Le mouvement de contestation lancé par les treize centrales syndicales du pays, et soutenu par les principaux partis politiques et des organisations de la société civile, s’est traduit par une paralysie presque totale de la capitale Conakry : les banques, les écoles et de nombreux commerces sont restés fermés, les administrations et hôpitaux fonctionnant au ralenti.

Lire aussi :  Guinée : Dadis Camara nie ses responsabilités au procès du massacre de 2009

 

«Victoire de la démocratie»

 

Ce mouvement fait figure de test pour la junte dirigée par Mamadi Doumbouya depuis 2021, qui interdit toute manifestation et cherche à faire taire toute critique à son égard.

 

« C’est une victoire de la démocratie, de la justice contre l’injustice, de la justice contre l’arbitraire », a déclaré M. Pendessa après le jugement. « La lutte contre la dictature continue et nous allons davantage nous battre pour que les autorités sachent qu’ils n’ont pas droit de vie et de mort sur la population », a-t-il ajouté. Des heurts sporadiques dans la banlieue de Conakry ont fait deux morts lundi.

 

Arrêté le 19 janvier, le syndicaliste avait été condamné vendredi à six mois de prison dont trois avec sursis parce qu’il était allé soutenir un certain nombre de ses confrères qui avaient manifesté « pour libérer les médias et réseaux sociaux ». La manifestation avait été interdite par les autorités.

 

Les militaires au pouvoir ont récemment sévi contre un certain nombre de médias en supprimant des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et en brouillant des fréquences radio, provoquant des manifestations de colère, en particulier de journalistes.

 

Ils ont levé vendredi les restrictions d’accès à Internet imposées depuis trois mois en raison d’un « problème » de sécurité selon les autorités guinéennes, mais des utilisateurs se plaignent d’une connexion toujours ralentie.

Lire aussi :  Guinée : le gouvernement interdit les activités de déboisement

 

Nouveau Premier ministre

 

Mardi soir, le chef de la junte a aussi nommé un nouveau Premier ministre, huit jours après avoir dissous contre toute attente le précédent gouvernement sans en donner les raisons, mais en ordonnant le gel des comptes bancaires de ses membres et la saisie de leurs passeports.

 

L’économiste Amadou Oury Bah, nouveau chef de gouvernement, a prêté serment et juré de « mettre tout en œuvre pour préserver l’intérêt supérieur du CNRD (l’organe dirigeant de la junte au pouvoir), de son président et du peuple de Guinée ».

 

Insistant sur la communication avec les Guinéens, il s’est engagé à « apaiser, restaurer la confiance et redonner de l’espoir à nos compatriotes qui se sentent un peu désorientés ces derniers temps », selon une publication de la Primature sur ses réseaux sociaux.

 

Le nouveau Premier ministre est un homme de dialogue. Il n’a pas boycotté les rencontres organisées par la junte, contrairement à nombre de responsables de l’opposition.

 

Il avait été ministre de la Réconciliation nationale après les importantes grèves de janvier-février 2007 qui avaient secoué le régime autoritaire du président Lansana Conté et fait 186 morts, selon des ONG.

La junte a consenti, sous la pression internationale, à annoncer qu’elle allait rendre la place à des civils élus d’ici à fin 2024, le temps, dit-elle, de mener de profondes réformes.

 

AFP/Sahutiafrica

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