Ce mercredi 8 février, l’Ouganda a annoncé le non-renouvellement du mandat du Haut-Commissariat des droits de l’Homme des Nations Unies, censé prendre fin cette année.
Kampala estime avoir développé des institutions internes dynamiques sur les droits humains. Pourtant, l’opposition critique cette décision du gouvernement.
« L’ensemble de l’Ouganda est pacifique et nous avons développé des institutions internes (…) dynamiques comme la Commission ougandaise des droits de l’Homme », a déclaré Henry Oryem Okello, ministre adjoint des Affaires étrangères, pour justifier ce non renouvellement du mandat du Haut-Commissariat des droits de l’Homme onusien, établi depuis 2005 dans ce pays d’Afrique de l’Est.
« Notre bilan (en matière des droits humains, ndlr) s’est considérablement amélioré au fil des ans sous la direction du président Museveni », a-t-il affirmé.
Les autorités ougandaises ont informé le Haut-Commissariat des droits de l’Homme (HCDH) de l’ONU dans une lettre transmise le 3 février, consultée par l’AFP, affirmant que « le gouvernement poursuivra sa coopération avec le siège du HCDH directement ou par l’intermédiaire de sa mission permanente à Genève ».
« Nous pouvons confirmer qu’il s’agit d’une décision unilatérale, mais des discussions sont en cours avec les autorités ougandaises », a réagi auprès de l’AFP Seif Magango, porte-parole du Haut-Commissariat des droits de l’Homme de l’ONU basé à Genève.
Cette décision a été critiquée par Muwada Nkunungi, membre de la Plate-forme d’unité nationale dirigée par Robert Kyagulanyi, alias Bobi Wine, l’un des principaux opposants au président Yoweri Museveni.
« Le gouvernement de Museveni est paranoïaque. Il n’est pas surprenant qu’ils ne renouvellent pas le mandat parce qu’ils craignent le strict respect des droits humains », a déclaré à l’AFP Muwada Nkunyingi, poursuivant : « Le gouvernement veut violer les droits humains sans entrave ».
Lors de la dernière élection présidentielle, en 2021, des journalistes ont été attaqués, des avocats emprisonnés et plusieurs dirigeants de l’opposition muselés.
En novembre 2022, un expert membre du comité des Nations Unies contre la torture avait affirmé que « la torture et les mauvais traitements » restaient « largement et fréquemment pratiqués en Ouganda ».
L’Ouganda, dirigé par le président Yoweri Museveni depuis 1986, occupe la 132e place (sur 180) du classement mondial 2022 de la liberté de la presse établi par l’ONG de défense des journalistes Reporters sans frontières.
AFP/Sahutiafrica