Au Kenya, une manifestation contre un projet de budget 2024-2025 qui prévoit de nouvelles taxes a été dispersée par la police à coups de gaz lacrymogène ce mardi 18 juin.
Le projet comprend 4.000 milliards de shillings (29 milliards d’euros) de dépenses, niveau le plus élevé dans l’histoire de ce pays d’Afrique de l’Est. Un premier volet de dépenses a été approuvé par le Parlement, où le président William Ruto dispose d’une majorité, mais celui des recettes – prévoyant notamment une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers et la réintroduction d’une TVA sur le pain – suscite de vives critiques.
Les parlementaires doivent débuter mardi après-midi l’examen du texte, qui doit être voté d’ici le 30 juin. Au moins trois personnes ont été arrêtées lors du rassemblement, a constaté un journaliste de l’AFP. La police, déployée en nombre devant le Parlement et dans le centre-ville de la capitale, a également fait usage de gaz lacrymogène.
Le mouvement de protestation baptisé « Occupy Parliament » (« Occuper le Parlement ») a débuté sur les réseaux sociaux après qu’un militant a divulgué en ligne les contacts des députés pour qu’ils puissent être appelés afin de les inciter à ne pas voter le projet de budget.
La politique fiscale du chef de l’Etat est, depuis son élection en août 2022, source de mécontentement. M. Ruto, qui s’était fait le porte-parole des plus modestes durant la campagne électorale, a notamment augmenté l’impôt sur le revenu et les cotisations santé et doublé la TVA sur l’essence, à 16%.
Ces mesures, défendues par le gouvernement pour redonner des marges de manoeuvre au pays d’environ 51 millions d’habitants, ont donné lieu l’an dernier à des manifestations de l’opposition, parfois émaillées de violences meurtrières.
Economie parmi les plus dynamiques d’Afrique de l’Est, le Kenya a enregistré en mai une inflation de 5,1% sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2% et 7,8%, selon les données de la Banque centrale.
La croissance du PIB devrait décélérer à 5% cette année, après avoir atteint 5,6% en 2023 (4,9% en 2022), selon des prévisions de la Banque mondiale. La dette publique du pays s’élève à environ 10.000 milliards de shillings (71 mds EUR), soit environ 70% du PIB.
AFP/Sahutiafrica