Après des critiques contre un groupe de médias qu’il accuse de rouler pour l’opposition et d’avoir traité les journalistes de prostitués, Moses Koria, ministre kényan du Commerce, se retrouve dans la tourmente.
Alors que la tension monte, le ministre Koria reste droit dans ses bottes. « Je ne m’excuserai pas », a-t-il réagi mercredi devant la presse. L’homme est sous le feu des projecteurs cette semaine après la signature lundi au nom de son pays d’un important accord commercial avec l’Union européenne.
Ce mercredi 21 juin, l’opposition et des associations de journalistes ont appelé à boycotter le ministre, estimant qu’il n’était pas digne de travailler pour l’Etat après ses déclarations. D’après NMG, la diatribe du ministre était sortie après la diffusion dimanche sur une de ses chaînes, NTV, d’un reportage d’investigation sur un possible scandale lié à des importations au sein du ministère de M. Koria.
« L’attaque verbale gratuite de M. Koria n’est pas seulement indigne d’un serviteur de l’Etat de son niveau, c’est aussi une attaque contre la liberté de la presse, pierre angulaire de la démocratie », a réagi le Daily Nation, l’un des principaux quotidiens du pays, propriété de NMG, dans un éditorial mardi.
Pour l’Union des journalistes kényans (KUJ), le ministre est devenu un symbole de honte nationale. Edwin Sifuna, un sénateur de l’opposition, a déposé cette semaine une motion de censure contre M. Koria, en soulignant que des attaques contre un média mènent souvent à des attaques contre la liberté de la presse en général.
Koria s’était attaqué au Nation Media Group (NMG), l’un des plus grands groupes de médias d’Afrique de l’est, propriété de l’Aga Khan, lors d’un évènement public dimanche.
Il a notamment menacé de licencier tout responsable gouvernemental qui ferait affaire avec NMG, en se demandant si ce dernier était un groupe de médias ou un parti d’opposition.
Dans un tweet publié en swahili, il a également évoqué les prostitués de l’Aga Khan, en référence à des journalistes du groupe, affirmant qu’ils ont admis avoir été obligés par leurs supérieurs et la direction d’écrire des articles anti-gouvernementaux dans le cadre d’un plan financé par un ancien président.
Mercredi, des membres du parti de l’opposant Raila Odinga ont quitté une séance du Sénat pour protester contre l’arrivée sur place de Moses Koria, et contre l’interdiction qui leur a été faite de lui poser des questions.
Mervedie Mikanu