Les décisions des Etats-Unis puis du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU de suspendre leur aide alimentaire à l’Ethiopie en raison de détournements « punit des millions de personnes », a critiqué samedi le porte-parole du gouvernement éthiopien.
Plus de 15% de la population du pays dépend de l’aide alimentaire. Jeudi, l’USAID, l’agence d’aide internationale du gouvernement américain, avait annoncé la suspension de son aide alimentaire, en dénonçant une « opération généralisée et coordonnée de détournement » de cette aide.
Le lendemain, le PAM a annoncé « cesser temporairement l’aide alimentaire », arguant aussi de « détournements de nourriture », tout en affirmant que « l’assistance nutritionnelle aux enfants, femmes enceintes et allaitantes, les programmes de repas scolaires et les activités de renforcement des agriculteurs et éleveurs » face aux chocs externes continueraient sans interruption.
Cette suspension de l’aide alimentaire « punit des millions de personnes », a réagi lors d’une conférence de presse le porte-parole du gouvernement, Legesse Tulu, en estimant que cette décision était « politique ». « Rendre uniquement le gouvernement responsable (des détournements) est inacceptable », a-t-il poursuivi.
Les autorités éthiopiennes, dans un communiqué commun avec l’USAID, avaient pourtant assuré jeudi soir qu’une enquête conjointe était en cours « afin que les auteurs de ces détournements rendent des comptes ».
L’agence américaine avait déjà décidé en mai, en même temps que le PAM, de suspendre l’aide alimentaire à la région éthiopienne du Tigré, tout juste sortie en novembre de deux ans de conflit, en raison du détournement d’une partie de cette aide, « vendue sur le marché local ».
Environ 20 millions de personnes, soit 16% des 120 millions d’Ethiopiens, dépendent de l’aide alimentaire, estimait fin mai l’agence humanitaire de l’ONU (Ocha), en raison des conflits et d’une sécheresse historique dans la Corne de l’Afrique qui ont provoqué le déplacement de 4,6 millions de personnes à travers le pays.
L’Ethiopie accueille aussi sur son sol près d’un million de réfugiés venus majoritairement du Soudan du Sud, de Somalie et d’Erythrée. Depuis mi-avril, près de 30.000 personnes fuyant le conflit au Soudan ont en outre trouvé refuge dans l’est de l’Ethiopie.
AFP/Sahutiafrica