Le Burundi accuse le Rwanda de soutenir les rebelles qui mènent des attaques sur son sol

Le président burundais Evariste Ndayishimiye a mis en cause vendredi le Rwanda voisin de soutenir les rebelles accusés d’avoir mené des attaques sur son territoire, dont un raid meurtrier il y a une semaine.

 

Selon le Burundi, le groupe RED-Tabara a lancé une attaque le 22 décembre près de la frontière avec la République démocratique du Congo tuant 20 personnes, dont des femmes et des enfants.

 

« Ces groupes armés ont été abrités et ont reçu des aides en terme de nourriture, d’hébergement et aussi d’argent du pays qui les accueille. Je veux parler du Rwanda », a affirmé Ndayishimiye lors d’un déplacement dans l’est du Burundi retransmis par les médias locaux.

« Les gens qui tuent des citoyens ordinaires, que veulent-ils ? », s’interroge-t-il. « Pourquoi tuer des enfants de trois ans, un enfant qui est encore dans le ventre de sa mère. Ce sont des terroristes. Et nous devons les combattre avec toute notre énergie », a-t-il ajouté.

 

Répondant à ces accusations dans un communiqué, RED-Tabara a nié avoir tué des civils ou être soutenu par un pays étranger.

RED-Tabara (Résistance pour un Etat de Droit au Burundi), principal groupe armé combattant le régime dirigé par Evariste Ndayishimiye a une base dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la RDC, et est aujourd’hui le plus actif des groupes rebelles du Burundi, avec une force estimée entre 500 et 800 combattants.

« J’ai dit au Rwanda qu’il devait savoir que s’il continue à aider quelqu’un qui tue des enfants, il entretient le virus de la haine entre les peuples de ces deux pays », a déclaré Ndayishimiye. Il a ajouté avoir tenté en vain depuis deux ans de persuader Kigali de livrer les rebelles afin qu’ils puissent être traduits en justice.

« Je pense que l’avenir est sombre pour ce pays qui les aide », a-t-il ajouté, sans plus de détails.

 

A Kigali le gouvernement a nié les accusations du Burundi affirmant dans un communiqué transmis à l’AFP que le Rwanda « n’est associé, en aucune manière, avec aucun des groupes armés burundais ».

Le communiqué ajoute avoir précédemment remis des miliciens burundais « qui avaient traversé illégalement au Rwanda ».

Le gouvernement burundais a souligné que toutes les victimes sauf une dans l’attaque du 22 décembre dans la ville de Vugizo étaient des civils, dont 12 enfants, trois femmes, dont deux femmes enceintes.

RED-Tabara a revendiqué la responsabilité dans un message sur X, affirmant avoir frappé un poste frontière et tué neuf militaires et un policier. Dans un autre message sur X vendredi, le groupe a nié avoir tué des civils et affirmé « n’être soutenu par aucun pays. Il n’a que le soutien du peuple burundais ».

Le 11 décembre, des échanges de tirs ont également eu lieu entre les combattants de RED-Tabara et des militaires dans le nord-ouest du Burundi.

Le groupe rebelle est accusé de mener des opérations meurtrières dans ce pays d’Afrique de l’Est depuis 2015, mais n’était plus actif depuis septembre 2021, quand une série d’attaques, notamment contre l’aéroport de la principale ville de Bujumbura, ont été pérpetrées.

Les relations entre le Burundi et le Rwanda ont souvent été tumultueuses. Une légère amélioration a été notée après l’arrivée au pouvoir de Ndayishimiye en 2020, mais depuis les liens se sont à nouveau détériorés quand le Burundi a envoyé des troupes pour aider à lutter contre les rebelles du M23 dans l’est de la RDC.

Le Burundi a rejoint une force régionale d’Afrique de l’Est déployée en novembre 2022 pour réprimer les violences en RDC, mais ses soldats se sont retirés au début du mois après le refus de Kinshasa de prolonger le mandat de la mission.

 

AFP

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