Sameh Choukri, ministre égyptien des Affaires étrangères se rendra ce lundi en Syrie et en Turquie, deux pays avec lesquels Le Caire était en froid diplomatique depuis une décennie avant un récent réchauffement, a indiqué son cabinet dimanche 26 février.
Cette visite est un message de solidarité de l’Egypte avec ces deux pays frères après le tremblement de terre du 6 février qui a fait près de 46.000 morts en Turquie et en Syrie, précise le communiqué du ministère.
Au lendemain de ce séisme, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait appelé son homologue syrien Bachar al-Assad, une conversation inédite entre les deux chefs d’Etat.
M. Sissi avait ensuite appelé le président turc Recep Tayyip Erdogan, son ancien grand ennemi avec lequel il avait échangé sa toute première poignée de main en novembre à la Coupe du monde au Qatar.
Les chefs de diplomatie égyptienne et syrienne s’étaient eux aussi entretenus par téléphone et Le Caire a envoyé plusieurs avions d’aide humanitaire en Syrie et en Turquie.
M. Assad a été diplomatiquement isolé, notamment de la scène arabe (la Syrie est toujours suspendue à la Ligue arabe qui siège au Caire) depuis le début de la répression d’un soulèvement populaire né en 2011 qui a dégénéré en guerre civile.
Damas sort de son isolement
Mais depuis le séisme qui a dévasté la Syrie et la Turquie, des pays arabes ont repris contact et envoyé de l’aide à Damas, qui pourrait profiter du drame pour sortir de son isolement diplomatique, estiment les experts.
A la Ligue arabe, depuis plusieurs années, des capitales emmenées notamment par Bagdad, gagnent de plus en plus de partisans à un retour de la Syrie au sein de l’organisation, profondément divisée et en perte de vitesse.
Dimanche, un premier pas pourrait avoir été franchi car une délégation de chefs de parlements arabes a été accueillie par M. Assad.
Parmi eux, se trouvait le président du Parlement égyptien Hanafy El-Gabaly, qualifié par la presse d’Etat égyptienne de « plus haut dirigeant égyptien reçu à Damas » depuis plus d’une décennie.
Les relations n’ont jamais été totalement rompues entre Le Caire et Damas et le plus haut responsable des services de sécurité syriens, le général Ali Mamlouk, avait même effectué en 2016 au Caire sa première visite rendue publique à l’étranger depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.
Avec la Turquie, les relations ne se sont réchauffées que très récemment alors que Le Caire et Ankara étaient en froid depuis l’arrivée au pouvoir de M. Sissi en 2013.
M. Erdogan, grand allié du président égyptien défunt Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, répétait alors qu’il ne parlerait « jamais » à « quelqu’un comme M. Sissi ».
Mais en novembre, de retour du sommet du G20 en Indonésie, le président turc s’était dit prêt à « repartir de zéro » avec Le Caire.
Peu après les deux hommes se serraient la main au Qatar et Ankara publiait aussitôt la photo.
Les deux hommes « ont réaffirmé la profondeur des liens historiques entre les deux pays et les deux peuples » et décidé du « début du développement des relations bilatérales », affirmait alors Le Caire.
Ankara, grand soutien des Frères musulmans, et Le Caire, qui les considère comme « terroristes » soutiennent toutefois des camps opposés en Libye : la Turquie a envoyé conseillers militaires et drones contre le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est, soutenu notamment par l’Egypte.
Sur le plan commercial, les deux pays ont renforcé leurs échanges : ils sont passés de 4,4 milliards de dollars en 2007 à 11,1 milliards de dollars en 2020, note le centre de recherche Carnegie.
AFP/Sahutiafrica