Chantages, harcèlement, abus sexuel et pédophile… Plusieurs entraîneurs de football sont accusés d’avoir demandé à de jeunes enfants à consentir à des sacrifices (sangs) ou à donner certaines de leur partie du corps (fesses), selon une enquête publiée par le site d’informations News Sport Africa.
Tollé et indignation. Cette affaire, qui fait grand bruit, agite le football congolais. Un sport déjà miné par plusieurs maux, notamment celui de trafics d’âges. Ces pratiques de pédophilie ont pris de l’ampleur depuis des décennies, affirme Me Fiston Mwange, spécialiste des questions juridiques dans le sport et président de l’ASBL Sport sans frontières (SSF), à Sahutiafrica.
Aucune sanction
« Lorsqu’on jouait au football, en étant gamin, certains encadreurs étaient déjà cités et réputés dans ces pratiques sans être inquiétés », dit-il. Me Fiston Mwange déplore « qu’aucune structure d’encadrement sportif n’a fait un geste pour sanctionner ces encadreurs ». « L’Association SSF a dénoncé toute forme de pédocriminalité qui existent dans le football de jeunes. Nous vivons au quotidien avec des acteurs sportifs. Nous discutons avec eux. Il y a beaucoup de maux qui minent le football de jeunes que les gens n’ont pas le courage de dénoncer », indique le juriste.
Il affirme que « beaucoup d’enfants, victimes d’abus, sont traumatisés et ont du mal à dévoiler leurs bourreaux par peur d’être discriminés ». « Le football de jeunes et féminin sont les plus exposés. Aujourd’hui, on parle de quelque chose qui a détruit le football d’âge. Beaucoup de personnes sont impliqués et savent ce qui se passe », ajoute Me Mwange.
Maku et Limolo nient ces accusations
Bertin Maku, Guy Roger Limolo et Moyindo. Tels sont les trois entraîneurs cités nommant dans cette affaire, selon des messages vocaux auditionnés par Sahutiafrica. Les deux premiers entraînent au championnat d’élite de la RDC. Si les intéressés nient ces accusations, Papy Kimoto, entraîneur de Léopards U23, les confirme. Et dit même avoir évoqué cette question lors d’une réunion avec Médard Lusadisu, directeur technique national. Mais Médar Lusadisu ne reconnait pas avoir participé à ladite réunion.
« Un jour, j’ai eu une discussion avec le coach Guy Roger dans un bistro qui se trouve dans mon quartier. C’était lorsqu’il a signé au sein du FC Renaissance. Lorsque je lui demande, si pouvais rejoindre ce club, il m’a clairement proposé de lui donner mes fesses. J’étais dégouté et j’ai arrêté la discussion, en trouvant une excuse pour m’enfuir », relate un joueur sous l’anonymat.
Mais le FC Saint-Eloi Lupopo soutient son entraîneur adjoint, Bertin Maku. A quelques jours de son match retour des barrages face au Rail club de Kadiogo du Burkina Faso, ce club congolais voit ces révélations comme une sorte de conspiration de ses détracteurs à son égard.
«La Fecofa devrait commencer par les suspendre de toutes les activités sportives»
Dans la foulée de ces graves révélations, la Fédération congolaise de football association (Fecofa) a mis en place une commission d’enquête. Ce que Me Fiston Mwange, responsable de SSF, juge insuffisant. « La Fecofa devrait d’abord prendre des mesures conservatoires, en commençant par les suspendre de toutes les activités sportives », argue-t-il. Serge Nkonde, ministre congolais des Sports, quant à lui, a écrit à la ministre de Justice pour qu’elle ordonne l’ouverture des enquêtes. Il dit être indigné par ces allégations et appelle le mouvement sportif à veiller à la protection de jeunes.
Souvent banalisées, ces pratiques semblent avoir pris de l’ampleur. Cette affaire semble prendre une nouvelle dimension comme au Gabon, pays d’Afrique centrale, où le président de la fédération a même été écroué. Après plusieurs mois, il a obtenu une liberté conditionnelle. Dans le milieu sportif congolais, des entraîneurs, analystes et journalistes encouragent les victimes de déposer une plainte contre leurs bourreaux. Ces pratiques ont, sans doute, découragé et traumatisé plusieurs jeunes talents.
Trésor Mutombo