Les Mauritaniens ont voté samedi pour choisir entre le changement ou la continuité incarnée par le président sortant Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui a réussi à contenir la propagation djihadiste à la différence de ses voisins sahéliens.
Les bureaux de vote, ouverts à 07H00 GMT, ont progressivement commencé à fermer à partir de 19H00 GMT, selon des journalistes de l’AFP. Le décompte des voix a ensuite commencé.
Les résultats devraient commencer à tomber samedi dans la soirée et être annoncés officiellement dans la journée de dimanche ou lundi.
Face au président Ghazouani, six candidats ont promis la première véritable alternance démocratique dans ce vaste pays désertique d’environ 4,9 millions d’habitants qui a connu une multitude de coups d’Etat de 1978 à 2008, avant de vivre en 2019 sa première transition entre deux présidents élus.
La participation s’annonçait faible, autour de 40% deux heures avant la fin des opérations de vote, selon la commission électorale. Aucun incident majeur n’a été signalé dans le pays. « Tout s’est bien passé. Nous n’avons eu aucun problème ni des électeurs ni des représentants des candidats », a déclaré à l’AFP El Waght Abdallah, directeur d’un bureau de vote dans un quartier populaire de la capitale, Nouackchott, écrasé par la chaleur.
Dès l’ouverture des bureaux, des femmes et des hommes ont fait la queue séparément dans cette République islamique. Puis ils ont coché sur un bulletin unique le nom d’un des candidats, numérotés et illustrés d’un symbole (balance, lion, palmier, cheval…) avant de déposer leur vote dans une urne cadenassée. « Je vote pour la paix, la sécurité et le développement », a déclaré à l’AFP Omar Bechir, 55 ans.
Une électrice, Barka Kharachi, 26 ans, dit s’attendre à « un grand changement » pour « balayer les hommes corrompus ».
Un ou deux tours ?
Les observateurs estiment que M. Ghazouani a des chances de l’emporter dès le premier tour. S’il y a un deuxième tour, il aura lieu le 14 juillet. Il se présente comme le garant de la stabilité de ce pays qui n’a plus connu d’attaque sur son sol depuis 2011 alors qu’elles adhèrent au Mali voisin et ailleurs au Sahel.
Depuis le début de la campagne qui l’a vu sillonner toutes les régions du pays, M. Ghazouani promet « une victoire éclatante dès le premier tour ». Son effigie, barrée du slogan « le choix sûr », s’affiche partout et contraste avec les moyens déployés par les autres candidats.
« Je félicite les Mauritaniens pour leur niveau de conscience élevé et leur esprit démocratique », a déclaré M. Ghazouani après avoir voté à Nouakchott. Le président sortant a fait de l’aide aux plus démunis et à la jeunesse ses chantiers prioritaires. En Mauritanie, les moins de 35 ans, qui représentent plus de 70% de la population, partent de plus en plus vers l’Europe ou les États-Unis, poussés par l’espoir d’une vie meilleure.
Promesses de réformes
Après un premier mandat entraîné par l’épidémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, M. Ghazouani espère réformer davantage au cours d’un second mandat grâce à des perspectives économiques favorables.
Sur la période 2024-2026, la croissance devrait être de 4,9% en moyenne, grâce au lancement de la production de gaz au second semestre 2024, estime la Banque mondiale. L’inflation est passée d’un pic de 9,5% en 2022 à 5% en 2023, et devrait continuer à diminuer pour atteindre 2,5% en 2024.
Les deux principaux concurrents du président sont le militant des droits humains Biram Dah Abeid, deuxième des deux dernières présidentielles, et le président du parti islamiste Tawassoul, Hamadi Ould Sidi El Mokhtar, première force d’opposition à l’Assemblée nationale.
Les deux prônent un changement radical, « la fin de la gabegie et de la corruption », et une profonde réforme de l’éducation et de la justice. M. Dah Abeid a assuré que « la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) complote avec les partisans de Ghazouani et les aide à acheter les voix des électeurs par l’argent public ». Il a appelé ses soutiens à « combattre la fraude » par tous les moyens légaux.
Le deuxième a dit « rester attentif à tout manquement ». Le gouvernement a mis en place un Observatoire national chargé de surveiller les élections, que l’opposition dénonce comme un instrument de manipulation du scrutin.
AFP/Sahutiafrica