Les Nigérians ont célébré mercredi la fête musulmane de l’Aïd al-Adha avec des prières et des repas familiaux au moment où nombre d’entre eux se débattent au milieu d’une situation économique tendue en raison d’une inflation élevée, d’une forte dévaluation et des coûts de transports en hausse.
Le pays le plus peuplé d’Afrique est divisé entre musulmans au nord et chrétiens au sud, bien que beaucoup de musulmans vivent également au sud, dont le nouveau président Bola Ahmed Tinubu.
Depuis son investiture en mai, M. Tinubu a pris des décisions en vue de renforcer les investissements, mettant fin à de coûteuses subventions sur les carburants et faisant flotter la devise nigériane, le naira, ce qui a augmenté brusquement le coût de la vie.
A Kano, la deuxième ville du Nigeria, au nord du pays, des marchés aux animaux se sont installés cette semaine en vue des festivités de l’Aïd.
Usman Muhammad, un infirmier de 58 ans, n’avait pas le budget suffisant pour s’acheter un bélier. Ce père d’une famille de sept enfants s’est donc rabattu sur des poulets.
« Après avoir acheté de la nourriture pour un mois avec mon salaire, ce qu’il reste n’est pas suffisant pour un bélier », a-t-il dit avant d’ajouter : « c’est la première fois, depuis que je suis père de famille, que je n’arrive pas à acheter un bélier ».
L’Aïd al-Adha, qui marque le pélerinage annuel à La Mecque, est l’une des deux grandes fêtes musulmanes dans l’année.
Acheter plus cher
Dans son message à l’occasion de l’Aïd, M. Tinubu a reconnu les difficultés économiques du pays et ses problèmes sécuritaires, notamment face aux djihadistes.
« Tandis que je reconnais tout cela, je veux vous assurer que cela n’est pas insurmontable » : a-t-il dit dans un communiqué.
Le chef des vendeurs de bétail de Kano, Ibrahim Sani, a dit à l’AFP que les prix des béliers avaient augmenté en raison de la hausse du coût des aliments pour animaux et celle du carburant.
Un sac d’aliments pour le bétail coûte 9.500 naira (11 euros) contre 4.500 l’an dernier.
« La dévaluation du naira a aussi eu de graves conséquences sur le prix des béliers car nous nous procurons du bétail au Niger, au Tchad, au Cameroun. Donc la faible valeur du naira signifie que nous achetons plus cher là-bas », selon M. Sani.
A Lagos, la capitale économique du pays, l’homme d’affaires Durojaiye Adeosun a affirmé à l’AFP qu’il avait l’habitude d’acheter deux béliers pour l’Aïd, mais cette année, il s’est limité à un seul.
« Cette année, pour pouvoir avoir les moyens d’en acheter un, je fais des aller-retours (entre les différents marchands) », a-t-il dit.
Pour Harun Muhammad, un vendeur de bétail qui était à Lagos pour vendre des animaux achetés au Tchad en francs CFA, la dévaluation du naira est une complication.
Mais pour Muhammed Olawale, qui achetait du bétail au marché de Lagos, il était inutile de comparer les prix avec ceux de l’année passée.
« Il y a de l’inflation actuellement au Nigeria, donc avec ça nous devrions comprendre que ce ne sera pas bon marché », a-t-il dit à l’AFP. « Nous prions pour qu’avant l’année prochaine, les choses redeviennent normales », a-t-il ajouté.
AFP/Sahutiafrica