« Je me demande déjà s’il y avait le couvre-feu ici à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Personne ne le respectait et les autorités locales n’ont arrêté personne pour non-respect du couvre-feu. Pour moi, cette décision ne change rien dans la réalité qu’on vivait déjà », confie à Sahuti Syntiche Sango, habitante de Kisangani. Depuis ce lundi 14 février, les autorités congolaises ont décidé de lever le couvre-feu, instauré pour lutter contre la propagation du Coronavirus. Pourtant, la pandémie est encore là.
« Le couvre-feu n’était qu’un slogan. Dans mon quartier, il m’est arrivé de rentrer tard et de ne voir ni barrières ni policiers. Cette mesure n’avait aucun impact dans la commune de Lemba. Peut-être dans d’autres communes », affirme Céleste Masuta, résidante du quartier Salongo, dans la commune de Lemba à Kinshasa. Et pourtant, à l’entrée du camp Bumba, il y avait toujours une barrière et une autre était installée à Lemba Terminus. Certaines personnes ont été interpellées et ont dû payer l’équivalent de 50$ pour non-respect du couvre-feu.
Couvre-feu pour enrichir les policiers
« Vous avez enrichi les pauvres policiers », s’énerve Jules Sengwe, ingénieur informaticien. Pendant la période du couvre-feu, ceux qui se retrouvaient à l’extérieur devaient payer entre 1000FC ou plus aux différents barrages pour circuler. Visiblement, la rigueur dans la lutte contre la pandémie n’était pas présente aux différents postes de contrôle.
Sur un ton moqueur, Junior Lokwa, membre de l’Udps, rigole en disant que la levée du couvre-feu est un « miracle de la Saint-Valentin », alors que certaines personnes estiment que lever le couvre-feu dans ces conditions peut donner lieu à plusieurs interprétations.
« Pour moi, c’est comme si on disait aux gens que la maladie n’existe plus et vous pouvez circuler librement. C’est une décision contre-productive. Il sera alors difficile d’expliquer aux gens le bien fondé des restrictions prises pendant la pandémie. De toutes les façons, la communication gouvernementale n’a pas assez convaincu les habitants de l’existence du Covid-19 », se plaint un humanitaire rencontré à Kinshasa.
Lundi 14 février dans la soirée, alors que les amoureux célébraient la Saint-Valentin, le gouvernement de la RDC a informé de la levée immédiate du couvre-feu sur toute l’étendue du pays, sauf dans les provinces sous état de siège. Les tests Covid sont aussi suspendus à l’entrée du pays et pour les voyages à l’intérieur du pays (vol domestique) pour tout voyageur complètement vacciné, a annoncé Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
D’après lui, ces décisions font suite à une réunion du secrétariat technique du comité multisectoriel de la lutte contre le Covid-19 présidée par le président de la République. La RDC est l’un des rares pays, qui exigeait aux passagers de passer un autre test à l’arrivée, alors qu’ils avaient déjà les résultats du test PCR du pays de provenance. Une décision qui donnait souvent lieu à des discussions à l’aéroport international de N’djili à Kinshasa.
Asaph Mawonda