L’Union européenne travaille avec la RDC, qui accuse le Rwanda de piller ses richesses minières, pour améliorer la traçabilité des vastes ressources naturelles de ce pays africain, a déclaré jeudi l’envoyé du bloc à Kinshasa.
Le président congolais Félix Tshisekedi a critiqué un protocole à un accord d’approvisionnement conclu par l’UE avec le Rwanda en février, le qualifiant de « provocation ».
Les États voisins se livrent depuis longtemps à une guerre des mots, Kinshasa accusant Kigali de soutenir le groupe rebelle M23 dirigé par les Tutsi, qui s’est emparé de pans entiers de l’est de la République démocratique du Congo lors d’une offensive en cours lancée en 2021. Kigali dément les affirmations de Tshisekedi selon lesquelles il se « cache » derrière le groupe rebelle.
Kinshasa accuse le Rwanda de vol dans ses mines et considère l’accord avec Bruxelles comme une forme de complicité avec les Rwandais. L’ambassadeur de l’UE, Nicolas Berlanga Martinez, a déclaré aux journalistes que le bloc « aurait dû mieux expliquer » les détails de l’accord avec le Rwanda et a également fait preuve d’une « plus grande sensibilité » à l’égard de la perception qu’en a la RDC.
Mais il a insisté : « Nous travaillons avec le gouvernement congolais pour que ce protocole d’entente avec le Rwanda, axé sur la transparence et la traçabilité des minerais, tourne en faveur du Congo ».
Cela pourrait se produire en reconnaissant le fait que « les systèmes de certification des minéraux présentent de nombreux défauts », a-t-il déclaré.
« Car le premier pays qui doit bénéficier d’une plus grande transparence sur le marché des minerais est le Congo, qui est à l’origine de l’essentiel de ces minerais », a expliqué Berlanga Martinez.
Il a souligné qu’en octobre dernier, avant l’accord avec le Rwanda, l’UE avait signé un partenariat stratégique sur les chaînes de valeur des matières premières critiques avec la RD Congo, une décision qui prévoyait la création d’ici six mois d’une « feuille de route » détaillant les mesures concrètes à mettre en œuvre pris.
L’envoyé a insisté sur le fait que Bruxelles « est prête à travailler » avec Kinshasa et a déclaré qu’il attendait avec impatience la nomination d’un nouveau gouvernement à Kinshasa à la suite de la réélection de Tshisekedi il y a quatre mois.
Les rebelles du M23 auraient pris la semaine dernière la ville minière de Rubaya, dans le Nord-Kivu déchiré par la guerre, après de violents affrontements avec les forces gouvernementales. Les mines de Rubaya contiennent des minéraux stratégiques utilisés dans l’électronique, notamment le cobalt et le coltan.
AFP/Sahutiafrica