Au Kenya, le gouvernement a protesté contre toutes les déclarations partiales, non diplomatiques et incendiaires du nonce apostolique, liées aux manifestations antigouvernementales meurtrières.
Le ministère des Affaires étrangères qualifie dans une lettre, les propos de l’archevêque Hubertus van Megen de conduite répréhensible et indigne d’un membre éminent du corps diplomatique. Il juge regrettable que ces propos non diplomatiques et incendiaires ont été partiaux et tenus à un moment de grave crise nationale.
Le 29 juin dernier, le nonce s’est exprimé dans une homélie à Nairobi, la capitale. C’était quatre jours après que la contestation contre un projet de budget instaurant de nouvelles taxes a viré au bain de sang. Ce jour-là, la police a tiré à balles réelles sur des manifestants prenant d’assaut le Parlement.
« Ces jours-ci, nous avons assisté à une révolution à Nairobi. Après cela, la politique dans ce pays devra changer. Si le gouvernement veut apaiser la peur et la colère, non seulement des jeunes, mais de tous les wananchi, citoyens en langue swahili et de tous les débrouillards de ce beau pays, il ne peut pas continuer en faisant comme si de rien n’était. Les choses doivent changer », avait-il déclaré.
Il avait évoqué un appareil d’État qui tire à volonté, des influenceurs et des dirigeants étudiants enlevés, torturés et humiliés, jetés dans de sombres fossés sales de Nairobi. Selon des organisations de défense des droits humains, au moins soixante personnes ont été tuées. Des dizaines d’autres sont portées disparues depuis le début de ce mouvement, né en juin au sein de la jeunesse.
Depuis, les autorités ont assuré de s’en prendre uniquement aux criminels, qui infiltrent les manifestations. Arrivé au pouvoir en 2022, le président William Ruto a retiré le 26 juin dernier le projet de budget controversé. Il a limogé le 11 juillet la quasi-totalité de son gouvernement.
Très critiqué pour avoir reconduit plusieurs poids lourds de la précédente équipe dans son nouveau gouvernement, William Ruto a fait entrer quatre membres de l’opposition en juillet dernier.
Josaphat Mayi