Ce mardi 16 juillet, la police kényane a tiré des gaz lacrymogènes contre des petits groupes de manifestants réunis dans le centre-ville de la capitale Nairobi pour demander la démission du président William Ruto, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Des manifestants issus de la génération Z (jeunes nés après 1997) ont lancé il y a un mois des manifestations pacifiques contre le projet de budget 2024-25 du gouvernement, impopulaires car prévoyant des hausses d’impôts qui, selon les manifestants, frapperont de plein fouet les classes populaires qui subissent déjà une inflation élevée.
Les manifestations ont tourné à l’émeute le 25 juin lorsque des manifestants ont pénétré dans l’enceinte du Parlement. La police avait alors tiré à balles réelles, faisant plusieurs dizaines de morts.
Au lendemain de cette journée qui a viré au chaos, le président Ruto avait annoncé le retrait du projet de budget. La semaine dernière, il a également limogé la quasi-totalité de son gouvernement.
Mais ces décisions ne suffisent pas pour les dizaines de manifestants qui se sont réunis à Nairobi avec le mot d’ordre « Ruto doit partir ». De nombreux policiers étaient présents, mardi dans le centre-ville de la capitale, épicentres des précédentes mobilisations et où des jeunes armés de gourdins montaient la garde devant leurs commerces, a constaté un journaliste de l’AFP.
La police fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. « C’est la police qui provoque. Nous ne sommes pas armés, nous n’arborons qu’un drapeau (kényan) et ce n’est pas une arme », a déclaré Josephat Gikari, un manifestant de 35 ans dans la capitale.
La police a affirmé plus tôt mardi avoir « reçu des renseignements crédibles indiquant que certains groupes criminels organisés envisageaient d’infiltrer, de perturber et de déstabiliser le caractère pacifique des manifestations, ce qui pourrait potentiellement mettre en danger la sécurité des manifestants ». Des rassemblements ont également lieu dans plusieurs autres villes de ce pays d’Afrique de l’Est, selon les médias locaux.
La police a été critiquée par les organisations de défense des droits humains pour son usage disproportionné de la force, et a été tirée à balles réelles sur des manifestants.
Depuis le début des manifestations le 18 juin, au moins 50 personnes ont été tuées, a affirmé mardi la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR), organe officiel mais indépendant.
Un responsable d’Amnesty International Kenya, Irungu Houghton, a exhorté les autorités, dans un message transmis à l’AFP, « à arrêter tous les policiers impliqués dans les meurtres et les enlèvements de manifestants au cours du dernier mois ».
AFP/Sahutiafrica