Inculpé pour des faits de corruption, Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien président mauritanien, a été interdit de quitter la Mauritanie, alors qu’il prévoyait se rendre à Paris mercredi 4 janvier.
« Je ne suis ni en contrôle judiciaire, ni en résidence surveillée. J’attends d’être jugé, donc je ne peux pas comprendre. À partir du moment où je suis chez moi, je ne sais pas si je suis en liberté parce que je suis poursuivi, pourchassé. Et ces derniers temps, j’ai beaucoup bougé, j’ai fait beaucoup de bruit, pour être en paix avec la police, et il ne faut pas trop bouger, il ne faut pas trop parler, il ne faut pas critiquer le système. Malheureusement, depuis 3 ans, on vit ce système, on vit cette dictature cynique et sournoise », déplore-t-il au micro de RFI.
Sous contrôle judiciaire en 2021, puis incarcéré, assigné à résidence pour des raisons de santé avant d’être libéré, Mohamed Abdel Aziz attend son procès. Pour lui, ce qui s’est passé hier est une sanction politique sans fondement judiciaire. Pourtant, la Direction de lutte contre la délinquance économique et financière a, dans un communiqué, indiqué l’ancien président devra répondre à une convocation du Tribunal Anti-corruption le 12 janvier.
Que s’est-il alors passé à l’aéroport ? « J’avais prévu de voyager ce soir sur Paris, je me suis présenté normalement et j’ai fait mes formalités. Tout allait très bien jusqu’à l’arrivée de la gendarmerie. Les gendarmes m’ont demandé mon passeport. Je leur ai dit qu’ils n’étaient pas concernés par ça, parce que ce ne sont pas eux qui font les formalités. Une fois devant le guichet, j’ai présenté le passeport avec la carte d’embarquement, et puis ils m’ont dit : On a reçu des instructions pour vous empêcher de voyager », raconte Mohamed Abdel Aziz.
Président de la Mauritanie entre 2009 et 2019, M. Abdel Aziz est poursuivi pour des faits présumés de corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroie d’avantages indus, mais aussi pour obstruction au déroulement de la justice. Des accusations que l’intéressé nie. Le président Abdel Aziz et ses avocats dénoncent un règlement de comptes politiques.
Trésor Mutombo