Moi et moi seul. Ténèbre d’un soleil en perdition. Enfer d’un paradis perdu. J’épuise l’absurde à force de vivre ma différence. Je vide le néant dans la chaîne solidaire éphémère de l’humanisme.
Je suis : un défaut, une saleté, un vice, une plaie, une déchirure, une gale, une lèpre, un cancer, un démon sans demain, un maudit sans mot à dire, oui je suis le mal absolu, j’enceinte l’horreur au quotidien, j’embrasse la laideur à chaque caresse du souffle de vie, j’ai soif de maux, et je culbute la peste pour justifier la différence.
Et vous, que dites-vous que je suis ? C’était rhétorique cette question enrhumée au parfum de la pisse. Je suis l’anomalie. L’anomalie statistique. Je suis le courant de la SNEL, toute une déception. Je suis la REGIDESO, si pas l’administration congolaise : toute une calamité.
Heureusement pour moi, je ne me suis pas créé. Loin de moi l’idée de rejeter la faute à qui que ce soit mais si j’ai tant d’inaptitude au bien, c’est peut-être, je dis bien peut-être, parce que j’ai été … non ! Un peu de dignité ! J’ai besoin de l’exclusion sociale. Je ne suis pas si spécial que ça. Mais qui ne l’est pas ? …
Christian Gombo, Ecrivain