Mardi 16 mai, une enquête a révélé que l’Etat de Bayelsa, dans le sud-est du Nigeria, va avoir besoin d’au moins onze milliards d’euros pour le nettoyage de la pollution causée par l’exploitation pétrolière pendant plusieurs décennies.
Il s’agit d’une étude menée durant plus de 4 ans par une commission mise en place par le gouvernement local. D’après ce document, l’Etat de Bayelsa est en proie à une catastrophe humaine et environnementale dévastatrice. Cette région, qui abritait autrefois l’une des plus grandes forêts de mangroves, est l’un des endroits les plus pollués au monde, affirment les auteurs.
Ils pointent du doigt les « défaillances systémiques des opérateurs, de l’Etat et de la classe politique du pays ». « L’ensemble du delta du Niger subit chaque année depuis 50 ans l’équivalent de la marée noire de l’Exxon Valdez, ce pétrolier qui avait provoqué en 1989 l’une des plus grandes catastrophes environnementales de l’histoire des Etats-Unis », dit le rapport.
Les enquêteurs s’inquiètent des conséquences sanitaires désastreuses qui pèsent sur la population. En fait, « quelque 1.600 résultats de tests sanguins réalisés sur la population locale montrent notamment des contaminations hautement toxiques et des cas de brûlures, de problèmes pulmonaires et de risques de cancer largement répandus ».
Selon la commission, « au moins douze milliards de dollars soit onze milliards d’euros sont nécessaires pour assainir les sols et l’eau potable, réduire les risques sanitaires pour les populations et restaurer les forêts de mangroves ».
À ce sujet, la commission appelle Shell et Eni, qui ont exploité le pétrole durant des décennies, et dont des filiales locales opèrent toujours dans la région, à payer une partie de cette somme. Mais le géant britannique Shell a indiqué à l’AFP n’avoir pas vu le rapport et ne pas pouvoir donc réagir à ses conclusions dans l’immédiat.
Le groupe italien Eni, a quant à lui déclaré ne pas avoir été consulté au sujet du rapport et a rejeté les allégations de racisme environnemental formulées par la commission, et assuré mené « ses activités conformément aux meilleures pratiques environnementales internationales du secteur, sans distinction de pays ».
Faisant partie de la région du delta du Niger riche en hydrocarbures, Bayelsa est l’endroit où le pétrole a été découvert pour la première fois en Afrique dans les années 1950. Les majors européennes Shell et Eni y opèrent depuis des décennies.
Dinho Kazadi