« Aucune organisation partenaire, qu’elle soit locale, nationale ou internationale ne sera désormais autorisée à distribuer de la nourriture ou d’autres biens dans aucune des communautés récemment réinstallées à travers l’Etat », a fait savoir Babagana Umara Zulum, gouverneur de l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria dans une lettre adressée aux organisations humanitaires le lundi 06 décembre. Cette lettre a été confirmé par Isa Gusau, porte-parole du gouverneur à l’AFP ce jeudi 09 décembre.
Selon cette lettre, l’interdiction de distribution de nourriture concerne les personnes qui ont récemment quitté les camps de déplacés où elles ont trouvé refuge pour se protéger des attaques. « Le gouvernement veut encourager les populations à retourner dans les villages et aux champs », indique-t-elle.
Abuja veut aussi éloigner les gens des distributions humanitaires pour les remplacer par leur autonomisation. Et en leur redonnant la dignité d’acheter leur propre nourriture ainsi que de déterminer leur avenir. Mais les travailleurs humanitaires au Nigeria s’inquiètent de cette mesure.
Des ONG rapportent que « certaines des zones concernées par ces réinstallations ne sont pas sûres. Les djihadistes du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) continuent de lancer des attaques meurtrières ». L’Iswap a consolidé son contrôle dans cette région depuis la mort en mai dernier du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, dans des affrontements entre les deux groupes rivaux.
Ces conflits armés ont contraint au moins deux millions de personnes à quitter leur foyer. Dans cette région ravagée par un conflit depuis douze ans, 2,4 millions de personnes sont menacées par la faim, selon les Nations unies, qui prévoient qu’elles seront 3,5 millions l’année prochaine.
Asaph Mawonda