Le Niger a, depuis mars, décidé de rompre sa coopération militaire avec les États-Unis. Raisons ? Des menaces proférées par des officiels américains, selon Ali Mahamane Lamine Zeine, Premier ministre de la transition.
Dans une interview au journal Washington Post, Mahamane Lamine Zeine est revenu sur l’épisode de la visite d’une délégation américaine menée par Molly Phee, secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines.
D’après lui, Mme Phee a menacé les autorités de Niamey de sanctions si le Niger signait un accord pour vendre l’uranium qu’il produit à l’Iran. « Premièrement, vous venez ici nous menacer dans notre pays. C’est inacceptable. Et vous venez nous dire avec qui nous pouvons avoir des relations, ce qui est également inacceptable. Et vous le faites avec un ton condescendant et un manque de respect », a-t-il déclaré.
« Les Américains sont restés sur notre sol, sans rien faire quand les terroristes tuaient nos populations et brûlaient des communes », a lâché le Premier ministre nigérien. Pour lui, « ce n’est pas un signe d’amitié de venir sur le territoire du Niger et de laisser les terroristes attaquer les populations ». « Nous avons vu ce que les Etats-Unis font pour défendre leurs alliés, comme en Ukraine ou en Israël », a-t-il glissé.
Le Premier ministre affirme que cette posture contraste avec celle d’autres partenaires comme la Russie, la Turquie ou les Emirats Arabes Unis qui ont accueilli les nouvelles autorités de Niamey « à bras ouverts ».
Le 16 mars dernier, la junte avait dénoncé « avec effet immédiat » l’accord de coopération militaire avec Washington, peu après le départ de cette délégation américaine. Les États-Unis, qui ont une base avec plus de 1.000 soldats à Agadez, ont accepté de retirer ses troupes mi-avril dernier. Pour l’heure, des discussions sont en cours pour les modalités de ce retrait.
Arrivée à la tête du Niger à la faveur d’un putsch, le général Tiani continue de faire la sourde-oreille face aux pressions internationales. L’homme fort de Niamey tourne le dos aux anciens partenaires du pays. Il s’agit notamment de la France. En fait, le régime militaire avait rapidement exigé le départ des soldats français.
Depuis, il s’est rapproché de la Russie qui a acheminé des instructeurs et du matériel militaire, en avril et en mai.
Trésor Mutombo