Présidentielle au Rwanda : l’heure est à la conquête des électeurs

Au Rwanda, où le président Paul Kagame, au pouvoir depuis 24 ans et grand favori de la présidentielle, brigue un quatrième mandat, la campagne électorale a débuté samedi 22 juin.

 

Neuf millions d’électeurs sont inscrits pour ce scrutin, pour la première fois couplé avec des législatives. Homme fort de facto du Rwanda depuis la fin du génocide des Tutsi en 1994 qui avait fait 800.000 morts, Paul Kagame avait été élu président par le Parlement après la démission de Pasteur Bizimungu en 2000. Il a ensuite été reconduit au suffrage universel en 2003, 2010 et 2017, réunissant à chaque fois plus de 90% des voix.

 

Le 15 juillet, il sera opposé aux mêmes adversaires qu’en 2017 : le chef du Parti démocratique vert Frank Habineza et l’ancien journaliste Philippe Mpayimana. Il avait alors obtenu plus de 98,79% des voix, Philippe Mpayimana 0,73% et Frank Habineza 0,48%.

 

Plusieurs figures de l’opposition (Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda) n’ont pas eu la possibilité de se présenter, en raison de condamnations passées. La justice a rejeté leurs demandes de voir leurs droits civiques restaurés.

 

La commission électorale a également invalidé la candidature de Diane Rwigara pour documents non conformes. Cette voix anti-Kagame avait déjà été écartée de la présidentielle en 2017, accusée de falsification de documents et arrêtée avant d’être blanchie en 2018.

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Lors d’un meeting réunissant des milliers de partisans, dont la plupart ont été amenés là par bus, M. Kagame a défendu samedi le bilan de la « démocratie » au Rwanda, semblant répondre à des critiques sur la répression de l’opposition.

 

« Les gens ne sont souvent pas d’accord sur la démocratie ou la comprennent différemment. Mais pour nous, nous avons notre propre compréhension du sujet. La démocratie signifie le choix, choisir ce qui est bon pour vous et ce que vous voulez », a-t-il lancé à la foule dans la ville de Musanze (nord).

 

Le Paul Kagame a été loué pour le rétablissement économique du Rwanda après le génocide, mais est critiqué pour son bilan en matière de droits humains et de répression politique.

 

La semaine dernière, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé le pouvoir de réprimer de longue date l’opposition, les médias et la société civile. « La menace de blessure physique, les procédures judiciaires arbitraires et les longues peines de prison, qui peuvent souvent mener à la torture, ont en réalité dissuadé de nombreux Rwandais de s’engager dans l’opposition politique », selon HRW.

 

Nouveauté : une révision constitutionnelle controversée, approuvée par référendum en décembre 2015, a instauré le passage du septennat au quinquennat, avec un maximum de deux mandats.

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Cette modification a été vivement critiquée car elle a remis à zéro le nombre de mandats de Paul Kagame, qui avait déjà effectué deux septennats. Il a également été autorisé à briguer un septennat transitoire 2017-2024. Cette réforme lui permet donc, en cas de réélection, de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

 

Elle a également synchronisé les élections législatives avec la présidentielle. Plus de 500 candidats brigueront les 80 sièges de députés. Les électeurs en éliront 53 directement, au scrutin proportionnel de liste avec circonscription unique, avec un seuil de 5% des voix.

 

Aux dernières élections, une coalition formée autour du parti présidentiel (Front patriotique rwandais, FPR), incluant notamment le Parti social-démocrate et le Parti libéral, avait remporté 49 sièges.

 

Le Parti social Imberakuri avait obtenu deux sièges, comme le Parti vert démocratique de M. Habineza, seul parti opposé au RPF et autorisé par le pouvoir. Les 27 autres sièges sont réservés par un système de quotas aux femmes, aux jeunes et aux handicapés.

 

Ils sont attribués par scrutin indirect à des candidats n’appartenant à aucun parti: 24 femmes sont élues par les conseillers municipaux et régionaux, deux jeunes par le Conseil national de la jeunesse et un handicapé par la Fédération des associations des handicapés.

 

AFP/Sahutiafrica

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