Présidentielle au Sénégal : Ousmane Sonko confiant de la victoire de son camp

Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko a, lors d’une conférence de presse vendredi 15 mas, prédit une large victoire de son camp à la présidentielle dans neuf jours.

 

Il assure de son soutien son second, candidat à sa place, lors de la première apparition publique des deux hommes depuis des mois, au lendemain de leur libération. « Si l’élection se déroule bien, je ne pense pas qu’on fera moins de 60% », a dit au côté de son lieutenant et devant la presse M. Sonko, acteur d’un long bras de fer meurtrier avec le pouvoir. Il a mis en garde contre d’éventuelles fraudes.

 

Sonko et Faye ont été libérés jeudi soir après des mois de détention, en vertu d’une loi d’amnistie adoptée la semaine passée à l’instigation du président Macky Sall. Une foule difficilement quantifiable d’au moins plusieurs milliers de Dakarois en liesse est descendue dans les rues pour célébrer l’évènement.

 

« Ousmane Sonko dehors (cela) change complètement la donne de l’élection (…) Le faire sortir en pleine campagne peut avoir un effet multiplicateur » en faveur de son camp, assure Maurice Dione, enseignant en sciences politiques.

 

M. Sonko est resté invisible jusqu’en fin d’après-midi vendredi. Il a alors fait une nouvelle démonstration de sa capacité d’entraînement en apparaissant devant des centaines de militants piaffant devant l’hôtel où il a ensuite donné une conférence de presse avec M. Faye.

 

L’évènement, essentiellement un long monologue pour chacun des deux hommes, a drainé une foule de journalistes dans une confusion extrême.

 

«Aider à gagner»

 

Sortis de prison, MM. Sonko et Faye, président et secrétaire général du parti Pastef dissous, peuvent désormais prendre part en personne à la campagne ouverte une semaine auparavant, avec 19 concurrents au total. M. Sonko a indiqué qu’il se rendrait samedi à Ziguinchor, la capitale de la Casamance dont il est le maire.

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Leur remise en liberté a posé la question de la répartition des tâches entre eux. M. Sonko a été disqualifié de la présidentielle en janvier, le Pastef désignant alors M. Faye, pourtant lui aussi détenu, comme son candidat, avec l’accord de M. Sonko. « Ma personne n’est pas le plus important. Mon objectif, c’est d’aider à gagner l’élection », a affirmé M. Sonko, ne laissant paraître aucune trace physique de l’emprisonnement.

 

Il a rappelé ce qui est devenu le mot d’ordre de leur camp, « Sonko mooy Diomaye » (« Sonko, c’est Diomaye » en langue ouolof). « Sonko mooy Diomaye, ce n’est pas un vain mot (…) je n’ai pas choisi Diomaye par hasard », a-t-il dit.

 

Ousmane Sonko et Faye sont revenus sur leur détention, le premier dans une suite de la prison autrefois occupée par l’ex-dictateur tchadien Hissène Habré, le second dans une cellule exiguë partagée avec d’autres codétenus.

 

Ils ont réservé leurs attaques les plus vives pour le candidat du camp présidentiel, l’ancien Premier ministre Amadou Ba, qui, « s’il est élu, sera le président des pays étrangers » selon M. Sonko.

 

« Cette élection ne sera pas une guerre », a-t-il dit. Mais il a laissé entendre que les actuels responsables pourraient avoir des comptes à rendre à la justice si M. Faye l’emporte.

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En l’absence de M. Faye, considéré comme l’un des favoris de la présidentielle, son camp a jusqu’alors fait campagne pour lui, présentant le programme d’un homme qui se veut le « candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche », promet de restituer au Sénégal sa souveraineté et renégociera, s’il est élu, les contrats d’exploitation du gaz et du pétrole ainsi que les accords de défense.

 

Souverainistes, panafricanistes

 

Cette plateforme décline les thèmes caractéristiques de M. Sonko, dont les diatribes contre la corruption, les élites, les multinationales et l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française ont fait le succès du Pastef.

 

La mise en cause de M. Sonko par la justice, conjuguée aux tensions économiques et sociales et au flou longtemps maintenu par le président Sall sur un troisième mandat, a donné lieu entre 2021 et 2023 à différents épisodes d’émeutes, pillages et saccages.

 

Le report in extremis de la présidentielle initialement prévue le 25 février a causé de nouveaux heurts.

Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021 au cours de troubles qui ont fortement ébranlé un pays considéré comme l’un des plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les coups de force.

 

Sonko, 49 ans, a finalement été interpellé fin juillet 2023, et inculpé pour appel à l’insurrection et atteinte à la sûreté de l’Etat. Son parti a été dissous. Faye était lui-même détenu depuis avril 2023, notamment poursuivi pour outrage à magistrat.

 

AFP/Sahutiafrica

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