« Je suis désormais le président élu de tous les Tchadiens ». Ce sont les premiers mots du général Mahamat Idriss Déby Itno, 40 ans, président de la transition, après sa victoire dès le premier tour à la présidentielle avec 61,03% des suffrages.
Mahamat Idriss Déby termine loin devant ses neuf challengers. Succès Masra, Premier ministre, termine deuxième avec 18,53% des voix, alors qu’Albert Pahimi Padacké, ancien Premier ministre, arrive en troisième position avec 16,91 % des suffrages.
Pour François Djekombe, porte-parole de la coalition pour un Tchad unis, camp présidentiel, cette victoire n’est pas « une surprise ». « Je suis plutôt surpris d’écouter certains médias et analystes dire que ça a été une surprise. La démocratie, c’est aussi la loi du plus grand nombre que vous réunissez autour de vous », a-t-il déclaré à Sahutiafrica.
Il affirme que le général Mahamat Idriss Déby n’a pas gagné seul. D’après lui, il a su réunir autour de lui l’essentiel de la classe politique et a présenté un projet de société clair en douze points et 100 actions concrètes à réaliser ».
Mais quelques heures avant la publication des résultats, le leader du parti Les Transformateurs a revendiqué la victoire. Dans une déclaration, le Premier ministre a dénoncé un hold-up électoral et a accusé un « petit nombre d’individus » de vouloir « inverser l’ordre des choses » et « passer outre la volonté populaire ».
Le Premier ministre n’entend pas fléchir et maintient la pression. François Djekombe estime que Succès Masra, 40 ans, est dans « une mauvaise posture », alors que le Tchad sort d’une période de trois ans de transition.
« M. le Premier ministre aurait pu mettre l’eau dans son vin et ne pas appeler à des soulèvements, comme ce fut le cas en octobre 2022, où il a appelé à des manifestations qui ont fait une cinquantaine de morts. Lui-même parlait de 300 morts. Aujourd’hui, je crois qu’il est dans cette même posture et ce n’est pas du tout responsable », dit le porte-parole du camp présidentiel.
A N’Djamena, la soirée a été longue pour les partisans de Mahamat Idriss Déby, qui ont célébré sa victoire près du Palais présidentiel. Pendant ce temps, des militaires ont tiré en l’air à l’arme légère aux alentours du quartier général du parti de Succès Masra, où les rues sont restées désertées. Le camp du Premier ministre, qui a, à la veille de la publication des résultats, dénoncé « des provocations très graves », appelle à la mobilisation.
Lundi 6 mai, les électeurs tchadiens étaient appelés à élire le chef de l’Etat pour une présidentielle, censée déboucher sur un retour à l’ordre constitutionnel. D’après l’Agence nationale de gestion des élections (Ange), le taux de participation est de 75,89%. Mais, ces chiffres doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel.
Arrivé à la suite de la mort d’Idriss Déby, son père, il y a trois ans, Mahamat Idriss Déby promet de mettre en œuvre « ses engagements ». « L’un des grands défis, c’est de continuer à tendre la main et à appeler à la stabilité », glisse ce membre de la coalition au pouvoir.
Sans doute, il se sait attendu après avoir réussi son pari. Lequel ? Le général Idriss Déby s’était dit convaincu de pouvoir l’emporter en « un coup K.-O. ».
Trésor Mutombo