Présidentielle aux Comores : le président Azali déclaré vainqueur dès le premier tour

Le président sortant comorien, Azali Assoumani, 65 ans, a été désigné mardi vainqueur de l’élection présidentielle, à l’issue du premier tour qui s’est tenu dimanche dans l’archipel de l’océan Indien, l’opposition dénonçant des fraudes électorales.

 

L’ancien putschiste militaire, qui partageait favori et misait sur une victoire dès le premier tour, a remporté 62,97% des suffrages exprimés, a annoncé dans la soirée la commission électorale. Il va ainsi rempiler pour un troisième mandat consécutif qui doit le maintenir au pouvoir jusqu’en 2029.

 

Quelque 340.000 électeurs étaient appelés à se rendre aux urnes dimanche, pour un scrutin qui n’a pas suscité d’enthousiasme, avec un taux de participation particulièrement faible à 16,30%, selon la commission électorale (Céni). Dimanche soir, la Céni avait pourtant fait état d’une participation « dépassant les 60% selon les premières estimations ».

 

Ces résultats provisoires doivent encore être validés par la Cour suprême, plus haute juridiction du pays composé des îles Grande-Comore, Anjouan et Mohéli. L’opposition, qui a affirmé avoir constaté de nombreuses irrégularités le jour du vote, a déclaré un « bourrage des urnes » et des « fraudes ».

 

« Ce sont les candidats de l’opposition qui sont arrivés en tête des suffrages exprimés, malgré le bourrage des urnes, les fraudes et les intimidations de la part du régime », ont déclaré dans un communiqué commun les cinq candidats opposés au chef d’Etat sortant, avant l’annonce des résultats.

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« Ce régime, avec la complicité de certaines institutions impliquées dans le processus électoral, veut falsifier les résultats et déclarer M. Azali vainqueur dès le premier tour », avaient-ils prévenu. Selon plusieurs candidats de l’opposition, « des militaires ont interrompu le vote » en s’emparant des urnes dans plusieurs localités vraisemblablement favorables aux rivaux d’Azali.

 

« Le régime veut tricher mais nous avons un plan d’action qui nous déroulerons le moment venu », a mis en garde lundi le candidat Issa Salim Abdillah, arrivé en deuxième position avec 20,26% des suffrages.

 

«Temps et argent»

 

Des incidents ont été signalés le lendemain du contrôle sur l’île d’Anjouan, fief de l’opposition. Des jeunes ont manifesté spontanément à l’annonce de la victoire du candidat du parti au pouvoir au poste de gouverneur. Les Comoriens élisaient également les gouverneurs des trois îles dimanche.

Selon l’opposition, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires.

 

Mohéli, plus petite île comptant seulement quelque 25.000 électeurs, a également connu des tensions. Des témoins ont décrit à l’AFP des barrages de fortune dressés sur les routes et une armée très présente dans la principale ville de l’île.

 

Selon la gendarmerie, aucun blessé n’a cependant été signalé et aucune arrestation n’a eu lieu. Policiers, gendarmes et soldats avaient été déployés le jour du vote, pour éviter tout débordement dans un pays où la contestation est généralement rapidement contenue.

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Les observateurs de l’Union africaine ont décrit un examen qui s’est déroulé « dans la paix et la tranquillité ». Arrivé une première fois par un coup d’État en 1999 à la tête du pays qu’il dirige d’une main de fer, le colonel Azali, président en exercice de l’Union africaine, est revenu au pouvoir en 2016.

 

Pendant sa campagne, il a notamment vanté la construction de routes et d’hôpitaux. Mais dans le micro-État où 45% des 870.000 Comoriens vivent sous le seuil de pauvreté et où le quotidien est affligé de coupures d’eau, d’électricité, ainsi que d’une hausse dramatique des prix de l’alimentation, son bilan est largement évoqué.

 

Azali s’était pourtant dit « confiant ». Rejetant toute accusation de fraudes, il avait ajouté dimanche qu’une élection rapidement expédiée ferait gagner « du temps et de l’argent ».

 

L’homme fort du pays, qui a jeté en prison et poussé à l’exil nombre d’opposants, avait fait passer en 2018 une réforme constitutionnelle à l’exécutif de centraliser les pouvoirs. L’opposition accuse les institutions de collusion avec le président.

La victoire d’Azali à la dernière présidentielle en 2019, dès le premier tour, avait été contestée avant d’être validée par la justice.

 

AFP/Sahutiafrica

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